"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
"Brigitte Bardot appartient à cette aristocratie de stars qui pouvait s'adonner impunément au plaisir de déplaire. Elle en fit même un art malgré elle". Pourquoi Brigitte Bardot dérange-t-elle autant ? Peut-être parce qu'elle refuse de se prêter aux clichés et aux raccourcis bien commodes que la presse et les fans véhiculent sur son compte. Ni icône de la libération sexuelle, ni actrice accro aux écrans et aux paillettes, celle qui fit sensation, en 1956, à demi nue, dans Et Dieu créa la femme, le film de Roger Vadim, ignora superbement les propositions mirobolantes venues de Hollywood et mit fin à sa carrière, en 1973, sans le moindre état d'âme.
Car la jeunesse et la beauté ne suffisaient pas à tout expliquer de l'énigme BB. Son corps de rêve et sa fraîcheur de femme-enfant résistèrent à toute tentative d'inventaire érotique et de récupération idéologique soufflée par Mai 68. Ses histoires d'amour, si mouvementées fussent-elles, ne tinrent jamais le langage du féminisme revanchard. Comble du comble, celle que toutes les autres femmes s'efforçaient d'imiter en tous points - vêtements, coiffure, démarche -, entama résolument sa seconde vie, les pieds dans la boue : devenue désormais porte-parole de la cause animale, Brigitte Bardot n'a jamais mâché ses mots pour dénoncer haut et fort, scandale sur scandale, quitte à casser définitivement son ! image.
Sans doute le prince de Ligne se fût-il écrié, émerveillé, à sa vue : "Du naturel, rien que du naturel !". La star si "médiatiquement incorrecte" est ici réhabilitée dans sa vérité par Marie Céhère au fil de subtils décryptages et de précieuses leçons de désir.
Ou quand un OVNI écrit sur une extraterrestre...
BB la sulfureuse, l’insoumise, la femme-enfant, la fille de bonne famille nous est présentée dans cet ouvrage sous un jour sans doute nouveau. Peut-être parce que l’auteure partage avec la star quelques traits communs, peut-être parce qu’il fallait ce souffle de jeunesse désinvolte mais lucide et talentueux pour nous parler du phénomène BB.
Car finalement que sait-on de celle qui fut la plus belle femme du monde en évitant soigneusement de ne jamais ressembler à une dame ?
Indomptable Brigitte Bardot pétrie de complexes – difficile à croire, mais vrai – pas fascinée par ce métier qu’elle n’a pas choisi, féministe mais recherchant la présence des hommes virils et même machos, histoire d’en découdre avec eux et de les laisser sur le carreau après que la tempête BB soit partie en ébouriffer d’autres… Elle est celle que toute femme rêverait d’être, causant franc et cru, arborant son irrésistible moue de petite fille, n’usant d’aucun des artifices dont les vedettes de l’époque abusent allègrement, BB est nature, joyeuse, ingérable, adorable et détestable, mais elle est BB, aucune femme ne peut rivaliser. Elles lui copieront ses tenues, ses coiffures, mais l’insoutenable légèreté de son être est inimitable, unique, quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle dise, elle crève l’écran. La jupe ouverte jusqu’à mi-cuisses, dansant pieds nus son indomptable liberté dans Et Dieu…créa la femme, le monde est en extase, outré, envieux… Elle ne joue pas un rôle, c’est le rôle qui joue à BB.
« Contrairement à ce que ses admirateurs et ses détracteurs voulaient croire ou faire croire, Brigitte Bardot n’a jamais été une fille facile ou une marie-couche-toi-là. De l’aveu de plusieurs de ses amants, elle serait même l’exact opposé : une fille compliquée. Et les personnages qu’elle incarne ne font que grossir ce trait. Dans la majorité de ses films (Le repos du guerrier, La femme et le pantin, Une parisienne,…), le même schéma est reproduit. Il faut qu’un homme, s’il lui plaît, soit à genoux devant elle pour qu’elle lui accorde sa confiance. Il faut qu’il soit aussi misérable, fou, instable, terrorisé qu’elle, sinon elle le fuit et continue de le faire souffrir. »
C’est elle qui décidera quand l’heure sera venue d’arrêter de jouer. Elle ne fera rien pour contrer les marques du temps qui passe et s’engagera corps et âme dans la défense des animaux. Là encore, quoiqu’elle fasse, elle sera adorée ou détestée, moquée, tournée en ridicule. Comme d’habitude, elle répondra « j’m’en fiche! »
Nous quittons BB à cet âge qui devrait lui permettre enfin la paix, en l’imaginant redécouvrir sa vie à travers les mots de cette jeune auteure qui, pour l’avoir si bien auscultée, doit partager un peu de la même sève. Un art majeur existe, l’art de déplaire. Tout n’est pas perdu, la relève échevelée est assurée !
Je vous conseille absolument ce livre ouvragé avec précision et d’en prendre une bonne bouffée d’insoumission !
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