"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Depuis l'un de ces lieux qui sont ceux de l'otium, donc du travail libéré des « nécessités », on observe ici comment le monde peut-être capté scrupuleusement afin d'être déchiffré : plantes, bêtes et gens y sont encore faits d'une matière sensible, susceptible d'impressionner le lecteurécrivain sur son vélo, le nez au ras des herbes du jardin, ou livré à n'importe lequel des spectacles que donnent continûment mais dans des dispositions diverses les foules, les chats, les machines ou les oiseaux. Les prélèvements cohérents tant dans l'espace intérieur qu'extérieur (en tenant compte de leur porosité) donnent à la fois à rêver et à penser. On vérifie ainsi qu'une vision ne se constitue pas sans une syntaxe, qu'elle nécessite une langue et qu'elle relève avant tout d'une tonalité ou d'un climat.
Appuyé aux jours et aux livres, cet ensemble invente et institue son propre « genre », irréductible à ceux du Journal, des Marginaliae ou des « Choses vues » par l'usage raisonnable et raisonné d'une sorte de très attentive distraction.
(.) C'est dans une clinique vétérinaire d'Orléans, la clinique Les Lilas, route d'Olivet, que j'ai, pour ainsi dire, terminé la lecture de Mes prix littéraires de Thomas Bernhard, sous les yeux d'animaux, eux, bien réels, tant qu'ils ont été là à attendre leur tour pour une consultation. Certains étaient allongés sur le sol dans un relâchement confiant, ou une certaine inquiétude qui se lisait peut-être dans leurs yeux, mais davantage sur le visage de ceux qui les tenaient en laisse ou dans leurs bras, là, pour le petit, le jeune, c'était une femme, au moyen d'une couverture beige aux motifs simples, une double bordure noire et blanche qui inspirait une impression de confort pelucheux, de chaleur enveloppante et, pour tout dire, de douceur maternelle.
« L'animal est un enfant », se dit-elle, pensais-je. C'est à ce moment que je me suis dit aussi que c'était sans doute le meilleur endroit pour terminer ou presque le livre, un livre de Thomas Bernhard, précisément Mes prix littéraires de l'écrivain autrichien Thomas Bernhard, le meilleur endroit à coup sûr. (.) Thierry Bouchard a fondé et dirige
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