"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« La rentrée, même pour moi, s'annonçait comme une délivrance, quelque chose qui calmerait nos sangs bouillonnants. Qui mettrait fin aux courses-poursuites en rollers dans les halls d'immeuble. Aux sauts vertigineux de Leila au dessus des rampes d'escaliers. Aux grandes escapades de notre meute sur les berges de la Seine. Qui nous ferait atterrir, nous clouerait au sol pour un bon moment. Leila soignerait mes ampoules. On signerait une trêve avec les gitans de derrière la cité Cachin qu'on avait canardés chaque jour de bouteilles et de canettes. « Pouce ! », j'avais eu envie de dire tout l'été. Mais la cassette était morte et quelque chose était bel et bien sur le point de finir. La cassette était morte et jamais plus, on n'entendrait ce refrain : Evil, runnin' through our brain / We and evil's about the same / Bad blood through our body flows / Where's the love nobody knows. » Au milieu des années 1980, dans ce qu'on appelle encore la banlieue rouge, Leila, 12 ans, et son cadet de deux ans, Mehdi, poussent en liberté entre les tours de leur cité HLM, l'école, la fête de l'Huma et le bord du fleuve, à la recherche de nouveaux territoires à conquérir.
À la piscine municipale, ils rencontrent Mai qu'une scoliose oblige à nager toutes les semaines. Sur une bande son où Michael Jackson apostrophe Earth Wind & Fire, les trois enfants se découvrent, s'apprivoisent et se séduisent avec l'intensité de leur âge.
L'anomalie est cette poésie sauvage de la préadolescence. Ce moment suspendu dont on ne revient jamais tout à fait.
Une famille dans les années 80, vivant en banlieue parisienne, tout ce qu'il y a de plus banal...
Mais elle est plutôt atypique : Leïla et son petit frère Medhi ont été abandonnés par leur mère, jeune femme perdue et droguée et ont été recueillis par Danielle, institutrice, aussi engagée dans son métier que militante dans la section locale du Parti, et Dédé, son mari, effacé et silencieux, travaillant dans l'usine Citroën du coin.
Nous les suivons à travers le regard de Medhi et ce qui fait son quotidien : sa famille, son quartier, la natation et sa sœur...
Sa sœur Leïla.
Une jeune fille au caractère affirmé, au "tempérament imprévisible fait d'ordres et d'injonctions, de [...] désirs secs et égoïstes" dont il ne peut se séparer. Il est fasciné par elle, tandis qu'elle le manipule selon ses désirs.
Un jour, à la piscine, ils font la connaissance de Mai, jeune fille fragile et d'un milieu social plus élevé que le leur. Ils deviennent amis et forment un trio inséparable. Jusqu'à ce que Leïla, toxique et asphyxiante, en décide autrement...
J'ai été charmée par ce roman qui montre à quel point l'adolescence est une période douloureuse et fascinante, où tout est vécu sans demi-mesure : on aime, on haït, on se laisse faire, on se révolte, on a des rêves plein la tête, on renonce, on craint, on essaie de se construire malgré le jugement des autres, si précieux à cet âge, malgré les liens familiaux et fraternels qui peuvent être destructeurs, malgré la toxicité de certaine relation...
C'est aussi un roman sur les non-dits et les secrets, sur les liens que l'on garde avec sa famille lorsque l'on est adulte, sur le déterminisme social, sur la différence entre se construire ici et ailleurs, sur la maternité, le deuil et la maladie, sur la part d'adolescence qui reste en soi lorsque l'on devient adulte.
C'est un très beau roman et l'amour qui existe entre Leïla et Medhi puissant et troublant m'a énormément touchée...
"Je voudrais tant que tout soit comme avant. Avant j'étais comme une reine. Et toi, tu étais mon royaume".
La plume de l'autrice est belle, poétique, précise et douce, elle dépeint aussi bien la tendresse que la violence, elle sait choisir les mots justes pour décrire des situations troublantes et dérangeantes, sans que l'on ait besoin de faire une pause dans sa lecture.
Ce roman vibrant, je l'ai dévoré, je l'ai adoré!
C'est un gros coup de cœur
Bouleversante anomalie... L'écriture de Julie Peyr m'a frappé en plein coeur.
Dans ce roman, on suit l'histoire de deux adolescents, Leila et Mehdi, qui vont faire la rencontre de Mai, atteinte de scoliose. L'histoire aquatique se déroule dans les années 80. On se plonge avec facilité dans cette époque. Les personnages passant beaucoup de temps à la piscine, on croirait presque avoir le goût du chlore en bouche. Ce roman plein de fougue et d'erreurs d'adolescence captive et c'est avec délice qu'on voit grandir les personnages qui ne sont pas nés avec une cuillère d'argent dans la bouche. Des thèmes des plus sérieux sont abordés dans ce récit : la mort, l'abandon, la maladie, les interdits... La fureur de vivre de ces gamins nous fait vibrer jusqu'à la dernière ligne.
L'histoire se déroule dans les années 80, deux adolescents, Leila et Mehdi, vont rencontrer Mai, une autre adolescence, attente de scoliose, lors de séance de natation.
J'ai beaucoup apprécié la plume de Julie Peyr, fluide, poétique, ancrée dans des faits sociaux avec énormément de psychologie. Emouvant et dur à la fois, nous sommes comme les témoins de mensonges, de non-dits, du drame et des relations ambiguës entre des adolescents.
Un livre intense, avec des références aux années 80 et 90, qui m'ont beaucoup parlé et fait sourire. Suspense sur cette "anomalie", qui chacun verra comme il le souhaite : relations entre un frère et une soeur ? La maladie de Mai ? Les secrets cachés d'une famille adoptive ?
Julie Peyr mène à merveille les thèmes de la mort, des interdits, de la maladie, de la jalousie, de l'amour, la différence sociale et des liens familiaux.
"Anomalie" est une de mes très belle découverte de cette rentrée littéraire, que je verrai très bien adapté au cinéma car l'auteure a ce petit quelque chose dans son écriture de cinématographique, à suivre...
Une nouvelle fois, je me rends compte que les histoires sur l’adolescence me fascinent. Ce roman où Julie Peyr « convoque les heures sauvages de la préadolescence » ne fera pas exception et je n’ai pas pu lâcher ce bouquin une fois commencé. L’auteur arrive à dépeindre la cruauté, les pulsions et la violence de cet âge avec délicatesse mais sans filtre, avec profondeur mais de façon radicale.
Au milieu des années 1980, Mehdi, dix ans, et sa grande sœur Leila, poussent comme des herbes folles entre les tours de leur cité HLM de la banlieue rouge, les cours de natation et les rives du fleuve. Ce duo déséquilibré et néanmoins indissociable a été adopté par Danielle, institutrice communiste, et Dédé, son mari. Des années plus tard, Mehdi se remémore son enfance pour comprendre ce qu’il est. Les secrets et les non-dits de leurs parents adoptifs, le cœur et le corps insatiable de Leila, toujours plus étouffante, il se souvient. Il se souvient surtout de Mai, cette jeune fille étrange qui débarque un beau jour à la piscine pour soigner son dos et dont la rencontre bouleversera leur vie. Mehdi, Leila, Mai : un trio qui inscrira en chacun des traces indélébiles.
Quelle est donc cette « Anomalie » auquel le titre fait référence? La relation hors norme entre Mehdi et sa sœur ? La scoliose de Mai ? Ces parents adoptifs qui ne disent pas tout ? Peut-être est-ce tout simplement l’adolescence, ce moment de notre vie dont on ne revient jamais tout à fait.
Dans le contexte des années 80 (dont les références m’ont forcément parlé), Julie Peyr réussit le roman quasi parfait sur l’âge du désir, des découvertes, des pulsions, de la mise en danger, de l’ambiguïté.
Un livre intense entre poésie et violence. Une de mes très belles découvertes de cette rentrée.
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