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Thomas Mann l'appelait l'ange dévasté, Roger Martin du Gard la remerciait de « promener sur cette terre son beau visage d'ange inconsolable », Carson McCullers, qui lui dédia Reflets dans un oeil d'or (Stock, 2001), lisait dans ses traits « une indéfinissable expression douloureuse », Ella Maillart qui partit avec elle pour l'Afghanistan la présentait comme un «être noble au charme prenant ».
Tout à la fois écrivain, journaliste, photographe et archéologue, issue d'une famille de riches industriels zurichois, Annemarie Schwarzenbach (1908-1942) n'a cessé de fuir un milieu en complète contradiction avec ses aspirations. De la Russie à la Perse, des États-Unis au Congo, son existence fut certes marquée par la morphine et plusieurs internements, mais aussi par une lutte acharnée contre le nazisme au travers de ses écrits et de son amitié tumultueuse avec Klaus et Erika, les enfants terribles de Thomas Mann.
Pour une fois, ce n'est qu'après avoir parcouru la quatrième de couverture, que j'ai décidé de plonger dans la biographie d'Annemarie SHWARZENBACH réalisée par Dominique Laure MIERMONT.
Je n'ai, naturellement, lu aucun récit de cette femme née en Suisse mais je dois dire que, comme la plupart des gens de son entourage, j'ai été impressionnée par le personnage. Est-ce parce qu'elle a mené une vie bien différente de la mienne, est-ce par son côté inclassable de femme écrivain, archéologue, journaliste, photographe et même poète ? Je ne sais.
Ce que je sais, en revanche, c'est qu'au fil des pages de cette brillante biographie, l'enthousiasme du début ne s'est jamais démenti. L'auteur est sans conteste une fervente admiratrice de son personnage car, après tout, c'est bien d'une scandaleuse qu'elle retrace une histoire admirable en diable.
Cette Annemarie, belle femme au charme ambigu, tente tout au long de sa courte vie de fuir un milieu à cent lieues de ses désirs. Elle recherche l'amour de ses parents, mais ne correspond pas à ce qu'ils attendent d'elle. C'est ainsi qu'elle en arrive à une rupture, principalement avec sa mère. Elle voyage pour oublier, s'oublier, découvrir le monde, mais aussi se noie dans les drogues, encore une fuite. Cela ne l'empêche pas, pourtant, de lutter farouchement contre le nazisme non seulement par l'intermédiaire de ses écrits mais aussi en affichant une indéfectible – et sulfureuse - amitié avec les enfants de Thomas MANN. Sa double personnalité est continuellement présente avec ses moments de dépression lorsqu'elle est en recherche d'absolu, mais aussi des instants de lucidité.
Il est dommage que sa famille – pour camoufler une personnalité ne répondant pas aux critères de la bonne bourgeoisie de son époque ? – ait jugé bon de détruire une grande partie de sa correspondance et de ses documents.
En tout état de cause, la qualité du travail de recherche de Dominique Laure MIERMONT, la clarté de son style et la somme d'informations qu'elle nous révèle tant sur la personnalité de son héroïne, que sur ses amitiés – ses amours – et les pays qu'elle a visités incitent à découvrir l'œuvre littéraire d'Annemarie SHWARZENBACH.
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