"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un cercle s'était formé autour de Claire et les spectateurs arrêtèrent de regarder la scène, hypnotisés par le spectacle de ses bras ondulants comme une charmeuse de serpents. L'instant d'après, elle avait les yeux mi-clos, le corps soudain immobile et tous attendaient la renaissance, le battement de pieds qui lui rendrait vie en transmettant la vibration essentielle. Parfois elle ouvrait les yeux et regardait Martin avec une moue amusée puis une mèche de cheveux la cachait et elle dansait à nouveau, emportée par la musique.
Et Iggy Pop ? Egal à lui-même. Quelle voix ! Quel magnétisme ! Il termina torse nu, ridiculisant tous les mâles de l'assemblée en exhibant une musculature peu commune pour un homme de son âge. Martin se dit que le rock and roll devait conserver et que les excès avaient peut-être du bon, une vie trop réglée ne menant au final qu'à l'ennui et à une mort prématurée.
Après une année 2016 apocalyptique et un premier semestre 2017 en apnée j'avais besoin d'air, besoin de positif et de rire, beaucoup rire. Le titre de ce roman me donnait l'espoir d'un de ces livres feel good qui font du bien, je me suis dit allez c'est pile ce dont j'ai besoin.
J'ai bien aimé, j'ai souri, ri et j'ai passé un bon moment dans cette résidence de retraités peu ordinaires. Les personnages sont tous très attachants à leur manière, ils sont dévergondés, irrévérencieux et cela rajoute à la drôlerie des situations désopilantes. On est loin, très loin même, de l'image des petits vieux qui sont avachis sur leurs chaises attendant une hypothétique visite de leurs progénitures, complètement éteints. Ces pensionnaires au contraire on des histoires d'amours, de la malice, des aventures, le langage fleuri, des disputes. Ils sont très inventifs pour échapper au quotidien triste et morne qu'on leur impose. Mais tout cela a commencé grâce à l'arrivée de Stanislas, personnage que j'ai beaucoup aimé car il est réaliste on retrouve tellement de personnes existantes dedans. Stanislas est un mythomane, looser il s'est fait largué par sa jeune petite amie, il a passé sa vie à flamber, à surfer sur les modes et n'a jamais percé dans le cinéma. Il se retrouve sans rien et va arriver Au jardin de l'Eden, maison de retraite tenue par son fils avec qui il n'avait plus aucun contact. Il n'est pas ravi de l'intrusion de ce paternel à la ramasse dans sa vie mais il est trop occupé par son histoire avec l'infirmière. C'est en racontant des histoires abracadabrantes que Stanislas va amener les pensionnaires à se dévergonder et se lâcher totalement.
C'est drôle, c'est pétillant, rafraîchissant, amoral, du soleil en Alaska ! Ce que j'ai apprécié aussi c'est que bien que très drôle il y a du fond car on y voit aussi la place laissée aux personnes âgés, on prend conscience de leurs difficultés avec cette dernière qui ne correspond pas avec leurs attentes et espérances. Les vieux d'aujourd'hui ne sont pas les mêmes qu'hier et il serait temps d'en prendre conscience et d'en tenir compte pour leur donner l'opportunité de finir leur vie dans la dignité et la joie de vivre encore. C'est donc un roman doux-amère qui fait aussi réfléchir.
Verdict
Un roman idéal pour rompre avec la morosité, la sinistrose actuelle, venez faire un tour Au jardin de l'Eden vous en sortirez assurément avec la banane et une envie de commettre quelques conneries.
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