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Aucun architecte du XXe siècle ne s'identifie autant à son pays qu'Alvar Aalto, et pourtant il en est peu dont la reconnaissance internationale soit plus grande. Poète de l'architecture, comme Louis Kahn ou Alvaro Siza, il fascine par « ses chiasmes entre l'ordre bricolé et l'exception réglée, le monumental rassurant et le domestique impressionnant, la densité sensorielle et la concision élaborée, des ajouts imaginaires et un état initial apparent », sans négliger un souci de l'habité exceptionnel pour un architecte moderne. Le texte de Rainier Hoddé, appuyé sur une iconographie en grande partie originale, suit de façon chronologique les quelque cinquante ans de la carrière d'Aalto, de villas en hopitaux, d'églises en bibliothèques, de théâtres en immeubles de logement, en tentant de dégager thèmes architecturaux et matrices de conception propres à l'architecte.
En 1998, les éditions Hazan publient la première monographie en français consacrée à Alvar Aalto (1898-1976), un architecte, dessinateur, urbaniste et designer finlandais, important représentant du style international, adepte du fonctionnalisme et de l'architecture organique. Depuis des années, il était mondialement reconnu et avait forcé l'admiration de Frank Lloyd Wright, autre monument de l'architecture moderne.
Alvar Aalto est de cette génération d'architectes qui ont assimilé les théories d'Adolf Loos sur l'ornement, en tournant le dos à l'Art nouveau. Celui-ci est jugé trop décoratif (n'est-il pas un nouveau Rococo ?) et trop international. Aalto cherche avant de retrouver une spécificité architecturale finlandaise, tout en intégrant les acquis de la modernité, les nouveautés techniques et formelles. Au début de sa carrière, en 1923, la Finlande n'a que six ans d'existence. Aussi était-il intéressant de lui forger une image culturelle forte face aux autres pays d'Europe. Aalto crée donc une architecture nourrie de sa relation au paysage qui l'entoure. Elle s'y intègre le plus harmonieusement possible, en prenant en compte des forêts et des lacs, de la lumière et des éléments atmosphériques. Par ailleurs, en 1938, n'a-t-il pas déclaré : "J'ai prétendu un jour que le meilleur comité de standardisation est la nature elle-même". C'est probablement pour cette raison que les volumes des édifices d'Aalto sont asymétriques.
Après la Second Guerre Mondiale, la ville d'Helsinki lui demande de concevoir un centre de concerts et de congrès dans le cadre de la réalisation de son plan d'Urbanisme du nouveau centre-ville présenté par Aalto en 1961. Il a tenté d'y mettre une spécificité proprement finlandaise. A l'instar d'autres architectes de l'époque (Le Corbusier, Ludwig Mies van der Rohe ou Marcel Breuer), il se soucie de l'environnement quotidien et propose des projets de mobilier (chaises, fauteuils), des verreries et des luminaires. Et, bientôt, les formes se répondent, du bâtiment à ses fournitures, du mobilier au bâtiment. Son chef-d'œuvre reste, à mon sens, le sanatorium de Paimio, œuvre de jeunesse peut-être mais dans laquelle est pressenti le reste de sa carrière.
Ce livre est encore aujourd'hui une des rares références en français sur cet architecte. Son iconographie est très riche en prises de vue originales. Rainier Hoddé, architecte de formation, fait évidemment la part belle aux réalisations d'Aalto, en les analysant en profondeur, mais sans jamais en négliger les implications sociologiques. A conseiller à tout étudiant en architecture.
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