"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Albertine a renoncé à faire une croisière et lorsque, à la fin de l'été, elle rentre de Balbec avec le narrateur, elle s'installe chez lui, à Paris: il ne se sent plus amoureux d'elle, elle n'a plus rien à lui apprendre, elle lui semble chaque jour moins jolie, mais la possibilité d'un mariage reste ouverte, et en lui rendant la vie agréable, peut-être songe-t-il à éveiller en elle le désir de l'épouser. Il se préoccupe en tout cas de son emploi du temps, l'interroge sur ses sorties sans pouvoir bien percer si sa réponse est un mensonge, et le désir que visiblement elle suscite chez les autres fait poindre la souffrance en lui.
Paru en 1923, La Prisonnière est le premier des trois volumes publiés après la mort de Proust et, quoique solidaire, bien sûr, de Sodome et Gomorrhe qui le précède comme d'Albertine disparue qui le suit, une certaine unité lui est propre, entre l'enfermement initial du narrateur et le départ final de la jeune fille. Pour l'essentiel, trois journées simplement se déroulent ici -le plus souvent dans l'espace clos de l'appartement -, et ce sont comme les trois actes d'un théâtre où la jalousie occupe toute la place.
Marcel analyse un peu moins pour agir un peu plus, relativisant l’intérêt des déductions issues de l’observation :
« Ceux qui apprennent sur la vie d’un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l’explication de choses qui précisément n’ont aucun rapport avec lui ».
Si l’observation persiste , elle est focalisée sur l’objet de son tourment : Albertine l’a rejoint à Paris et demeure chez lui, partageant son quotidien dans des conditions proches de la séquestration. Si elle est libre de ses allées et venues c’est avec une surveillance de tous les instants et des interrogatoires en règle à son retour. Marcel a depuis longtemps décelée en elle une menteuse et qui plus est, peu finaude, s’emmêlant dans ses contradictions. Marcel traque l’existence non d’un amant mais d’une amante.
« Sans me sentir le moins du monde amoureux d’Albertine, sans faire figurer au nombre des plaisirs les moments que nous passions ensemble, j’étais resté préoccupé de l’emploi de son temps ».
On perçoit que seuls les avantages matériels d’une telle situation, elle qui n’a pas le sou soient la seule raison de sa présence, tant Marcel est insupportable. D’autant qu’il dit lui-même souhaite rompre, sans se décider. La jalousie qu’il ressent est une sorte de moteur central dans cette relation ambigüe.
Le baron de Charlus n’est pas en reste au cours de ce tome, de plus en plus imbu de sa personne, sans avouer ses meurs mais avec un certain prosélytisme tout de même. Un de ses cibles, mal choisie car sous-estimée, est Mme Verdurin dont il a tenté de vampiriser une de ses soirées où le musicien Morel était la vedette.
Au delà de des liens tissés avec son entourage, Proust rédige de très belles pages sur les bruits de la rue, ceux qu’il perçoit alors qu’il est encore couché, et met des images personnelles ur l’animation qui lui parvient.
Il développe aussi une analyse autour de la musique, à partir de la sonate de Vinteuil qui bien au delà de la petite phrase sorte de signature du musicien, comme il en existe dans toute oeuvre qu’elle soit littéraire ou artistique, atteint la sensibilité et la mémoire de Marcel.
Jalousie
Première petite déception dans ce Proust-o-thon, ce cinquième tome de La recherche du temps perdu ne m'a pas vraiment enchantée.
En cause, la jalousie du narrateur vis-à-vis d'Albertine, le sentiment central de cet opus.
La prisonnière, c'est bien elle, Albertine, à qui le narrateur a "coupé les ailes" et dont il ne peut s'empêcher de disséquer chaque geste, chaque parole, ressassant le passé comme un chien entretient ses plaies.
L'homosexualité prend à nouveau une place importante dans La Prisonnière, et comme à l'accoutumé, l'analyse est fine et pertinente et chaque réflexion sonne juste.
Mais la jalousie est un sentiment que j'ai en horreur et la voir si bien décrite m'a dérangée.
J'ai toutefois apprécié la longue scène avec le baron de Charlus, qui est décidément un de mes personnages préférés de La recherche.
La prisonnière, c’est Albertine avec qui le narrateur revient à Paris et accueille chez lui, sa mère étant absente.
La musique de Wagner passionne le narrateur.
Il apprend également la mort de Bergotte.
Le narrateur montre comment la jalousie redouble l’amour. Mais il ne m’a pas convaincu.
Où M de Charlus tombe en disgrâce en plein salon Verdurin, accusé d’homosexualité.
Le narrateur doute de plus en plus d’Albertine, ne se décide pas à rompre. Ce sera elle qui partira.
Il imagine même une relation entre Albertine et Gilberte…..
Quelques pages sur l’oeuvre de Dostoievski, ainsi que sur les écrivains bons maris qui ont écrit les œuvres les plus perverses (Choderlos de Laclos) et d’autres qui écrivirent des contes moraux et furent de vrais tyrans (la duchesse d’Orleans).
Quelques citations :
« En réalité, en quittant Balbec, j’avais cru quitter Gomorrhe, en arracher Albertine ; hélas ! Gomorrhe était dispersé aux quatre coins du monde. »
« Cela aide à connaître l’âme, mais on se laisse tromper par les individus. Ma jalousie naissait par des images, pour une souffrance, non d’après une probabilité. »
« La vieillesse fatiguée aimait le repos. Or dans le monde il n’y a que les conversations. Elle y est stupide. »
« Si nous lisons le chef-d’oeuvre nouveau d’un homme de génie, nous y retrouvons avec plaisir toutes celles de nos réflexions que nous avons méprisées, des gaietés, des tristesses que nous avions contenues, tout un monde de sentiments dédaignés par nous et dont le livre où nous les reconnaissons nous apprend subitement la valeur. »
« Les grands littérateurs n’ont jamais fait qu’une seule œuvre, ou plutôt n’ont jamais que réfracté à travers des milieux divers une même beauté qu’ils apportent au monde. »
« Mais ma chambre ne contenait-elle pas une œuvre d’art plus précieuse que toutes celles-là ? C’était Albertine. »
« L’amour c’est l’espace et le temps rendus sensibles au cœur. ».
http://alexmotamots.fr/?p=2414
C' est un amour éperdu et perdu que vit le Narrateur; Tout autour de lui est bruits, odeurs, sensations, goûts. Et Albertine demeure auprès de lui, parfois nécessaire ou bien acceptable, mais souvent pesante. De cette présence, le Narrateur ( il est peut-être important de souligner que c' est dans ce volume que nous apprenons le Narrateur se nomme Marcel ) se partage entre la jalousie et l' indifférence. Il mesure l' impossibilité de vivre avec Albertine, avance la rupture, se rétracte, jusqu' à ce que Albertine...
L' écriture de Marcel Proust reste une écriture à part... magnifique...
Je vous propose cette petite citation :
" Certes, pour posséder, il faut avoir désirer "
On en arrive à l'idylle entre le narrateur et Albertine et cette fameuse phrase à la toute fin du volume me hantera pendant encore de longues nuits : "Mademoiselle Albertine est partie." Fabuleux, d'une très grande élégance de style.
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