"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pleure pas, Casanova. Ils débarquent les mains dans les poches, la cigarette au bec et le sourire aux lèvres. Valmont, Casanova, deux faces de la même plaie, dragueurs impénitents, charmeurs impertinents. Mais même chez ces Don Juan, parfois le coeur a ses prisons que la raison ignore. Bon dieu, mon vieux. Je suis mort par étourderie, mardi soir à 21 h 15. Mes funérailles sont chics, j'ai vraiment de la chance.
Ma femme, mes enfants, mon frère, mes amis sont tous au rendez-vous ; je les vois défiler les uns derrière les autres et pleurer ma mémoire. Les cons. Toubib or not toubib ? Quand un psy renommé, mais hélas surmené, se tue au travail pour sauver ses patients, il se peut qu'il devienne un serial docteur. À force de soigner, ça fini par saigner. ce sont les risques du métier. Le baiser de la concierge.
Je me souviens de ces gamins que je n'ai jamais rencontrés. François. Myriam. Et Serge. Une adresse ? Rue Bleue. Une date ? 1942. Un Crime ? Être juif. Trois mômes, trois garnements qui jouaient au shérif avec leurs étoiles jaunes, dans la cour d'un immeuble où régnait une dame qui aimait les enfants. La Manif. Mon cher Jésus, j'espère que tu vas bien. Figure-toi qu'avec les Bénévoles du Bienheureux Calvaire des Foetus Suppliciés, nous allons dès demain, et la main dans la main, porter Ta Sainte Parole et honorer Ton Nom.
C'est bien la première fois que je vais manifester, je me sens toute émue. Que de préparatifs. mon dieu. Tu ne te rends pas compte. Tout pour plaire. Cake : nom masculin. 1/Gâteau garni de raisins secs et fruits confits. 2/Garçon dénué d'intelligence, bête à manger du foin. 3/Synonymes : blaireau, patate, andouille, corniaud. Ou quand une brève de comptoir révèle surtout des rêves de cons.
Emballé on l'est dès le titre (référence, est-il besoin de le rappeler à Stefan Zweig), et ça continue du début à la fin. Le début, parlons-en : avant chaque départ de nouvelles, Agnès Bihl écrit, en exergue, un mot (ou plusieurs) en rapport avec le thème évoqué et sa (ou leurs) définition(s) réelle(s) et inventée(s). Souvent drôles, comme l'ensemble du livre d'ailleurs. l'auteure oscille entre humour, tendresse, mélancolie, l'amour, la vie, la mort, tous les thèmes sont abordés. Ce qui est vraiment plaisant, c'est le ton général du recueil : Agnès Bihl joue avec les mots, les expressions qu'elle détourne ("De toute façon je le connais, il a de la fuite dans les idées", p.14), les titres de livres, de films ou de chansons ("Ce n'est pas tous les jours facile d'être une femme libérée... d'ailleurs je suis libre tous les soirs.", p.12/13). Les nouvelles ont une chute inattendue et drôle, ou sont une tranche de vie. Elles mettent en scène des gens normaux, des blaireaux, des cons et des pimbêches, des filles seules désespérées de l'être, des dragueurs, des cocu(e)s -tiens, à ce propos, j'ai beaucoup ri en voyant la définition du cocu selon une des héroïnes d'A. Bihl :"Et puis, très honnêtement, un cocu, qu'est-ce-que c'est ? C’est juste un échangiste qui s'ignore, voilà tout." (p.90)-, une femme anti-mariage pour tous, un psy et même un fœtus pour la nouvelle la plus tendre, celle dans laquelle A. Bihl prend le moins de distance avec ses personnages, La plus belle, c'est ma mère. D'autres nouvelles sont plus dures, comme Insomnie, ou comment être indifférent à ce qui se passe chez ses voisins ou Le baiser de la concierge, très émouvante et révoltante et la violente Bon dieu, mon vieux. En tout 17 nouvelles, en comptant le Journal à bord de l'écriture qui reprend la genèse du livre et des nouvelles menée en même temps que les concerts et la fin de l'album.
Difficile de dire quelles nouvelles ont ma préférence, car au fur et à mesure que je les lisais, je les cochais toutes comme telles. L'écriture de l'auteure, ses ("mauvais") jeux de mots devant lesquels, selon ses principes, elle ne recule jamais -surtout ne cédez pas à la facilité des bons jeux de mots, gardez vos principes, les mauvais sont ceux qui me font le plus rire : "Cette fois je le jure, plus jamais je ne boirai une goutte d'alcool, croix de bois-croix de fer, si je mens, je vais prendre une bière ! Déjà que fumer tue... mais si en plus le bar t'abat, ..." (p.74)-, l'angle délibérément humoristique qui n'empêche ni la profondeur ni les questionnements, la brièveté des histoires sans frustration d'en quitter les protagonistes, tout me sied, tout me plaît.
Le genre de livre qu'on peut entamer avec le moral un peu bas et qui le remonte illico. Le genre de livre qu'on garde pas loin de soi, parce que relire un petite nouvelle de temps en temps, ça ne fait pas de mal, au contraire. Me reste plus maintenant qu'à écouter le disque d'Agnès Bihl, ce que j'ai fait pour La sieste crapuleuse en allant directement sur le site de l'auteure-chanteuse Agnès Bihl
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