"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Tout commence par un regard, sur une piste de danse en discothèque. Pour Marsault, c'est le coup de foudre et le début d'un enlisement qui échappera à tout contrôle. Il ne sait pas encore jusqu'où cet amour fou pour Hassan va le conduire, et à quel point, il sera capable pour lui de s'oublier...
Ce roman décrit l'amour à sens unique avec une précision et une cruauté habitée. Il y a quelque chose de décadent, d'insultant dans ce déséquilibre affectif que l'on reçoit en pleine face.
On est totalement stupéfait par l'obéissance servile de Marsault, assujetti à un homme qui se joue de lui. En s'infiltrant dans la tête de Marsault, on est au plus près de ses tourments. Plus que la violence, c'est la torture psychologique que lui inflige son partenaire qui choque. Il y a une véritable dissonance entre les projections, les fantasmes du jeune homme, et la réalité.
Les scènes sont crues, humiliantes, à la limite de l'insupportable. Et on se sent glisser vers un cercle vicieux dont on aura bien du mal à s'en sortir. C'est passionnel, écorché, partagé entre désir, possession, pulsion et jalousie. La relation est malsaine, toxique.
L'écriture est habile, captivante et réussit à nous toucher, à faire hurler les démons intérieurs.
On aime cette proximité avec les personnages, rentrer dans leurs contradictions ou leurs défaillances. Ce qui marque, c'est à la fois cette distance, ce détachement dans le discours, et la piqûre ressentie à vif. Le déroulement se fait aussi lointain, insidieux qu'urgent et nécessaire.
Jamais encore aucun thriller n'aura autant détourné notre attention, nous aura malmené à ce point émotionnellement. Une maîtrise totale du border-line, bluffant !
Vivre ce qui se passe dans la tête d’un prédateur pervers est dur, dérangeant, surtout lorsqu’il s’agit d’enfants, jusqu’à en avoir la nausée. A ne surtout pas mettre entre les mains des âmes sensibles. Pourtant on ressent aussi de la douleur et une sorte d’amour réprimé chez lui.
Pour autant Loana ne tombe pas dans le voyeurisme et parfois nous fait même sourire. C’est un livre dont on ne ressort pas indemne.
Elle a une écriture fluide et sans fioritures ; elle va droit au but, ce qui fait que ce livre, dense et qui se lit très vite.
Ce roman à l'environnement nihiliste, poisseux et glauque mais totalement fictionnel (et pourtant tellement hyperréaliste) m'a profondément perturbée, troublée et dérangée. Certes le livre m'a déstabilisée mais pas tant par l'histoire qu'il relate que les questions qu'il a soulevé en aval pour moi... le voyeurisme des foules, le rôle de notre société et enfin ma propre responsabilité quant à la lecture de tels ouvrages... Je sais, "jeté" comme ça, sur le papier, ça peut faire peur... car ça n'est jamais qu'un "thriller"!!!...mais je ME suis fait peur! C'est peut-être un peu "excessif" mais c'est mon premier ressenti.
Alors, j'avais survolé quelques critiques auparavant et je savais donc plutôt à quoi m'attendre...on m'avait bien prévenue: c'était très dur à lire voire insupportable. Mais ça a été bien pire et au-delà de ça!...
En effet, cette plongée en apnée dans les méandres du cerveau déglingué d'un sociopathe aux pires penchants pervers (de deux même, en ajoutant Gabriel) ne se fait pas sans égratignures!!
L'histoire des enlèvements répétés de fillettes de quinze, douze puis huit ans se révèle sordide et macabre surtout à la lueur ce que leurs font subir les deux complices.
Buczko, qui trouve pourtant Gabriel ultra-violent et sans état d'âme ne fait en effet pas dans la dentelle. Au fil des fix et des shoots, des scarifications infligées à lui-même, comme autant de tentatives de purification, on plonge toujours plus profond sans avoir pu avoir pu reprendre sa respiration. Dévoiler le texte masqué
Tout de suite, en terminant ma lecture, je suis d'abord restée sans voix, avec un malaise profond et persistant. J'ai refermé le livre sans vraiment savoir quoi en penser exactement sur le coup... j'étais "soufflée"...
A quoi venais-je d'adhérer? qu'est ce que je venais de lire exactement? Sinon, les pires justifications de l'innommable avec pour seule excuse l'envie de vouloir lire un thriller, toujours mieux, toujours plus "hard", toujours pire... et d'avoir été jusqu'au bout!
Car j'ai bel et bien l'impression d'avoir cautionné quelque chose en terminant ce livre! Un sentiment désagréable et étrange. Je n'ai pas réussi à me détacher du "je" employé dans le livre et le fait que le "je" soit coupable d'actes condamnables.
Presque choquée par mon propre comportement, l'identification au tueur étant facilitée et encouragée par l'emploi de la première personne du singulier, je m'interroge sur ma propre démarche éthique: Pourquoi avoir tourné ces pages sans (ou presque) remords jusqu'à la fin. Pourquoi n'ai-je pas stoppé, abandonné ma lecture? Ce côté voyeurisme" des foules m'habiterait-il donc aussi? quelle claque! Je n'ai pourtant ressentie aucune empathie pour cet homme aux fêlures psychologiques qui n'a d'égale que sa propre perversion.
Mais enfin, avouons le, ce thriller-là est terriblement efficace et brillant! il nous permet d'accéder en direct "live" au cerveau de ce détraqué, d'accéder à ses pires turpitudes, ses crimes, ses faits et gestes plus révoltants les uns que les autres mais aussi, ses douleurs, ses faiblesses et ses lacunes, sans l'ombre, cependant, d'une plume compatissante.
Envisageons trois secondes que ce soit un "vrai" tueur qui ait laissé de telles lettres derrière lui, en aurait-on osé la publication? NON, bien sur, non! On hésite déjà à republier le livre d'Hitler... alors pensez!! Y-a-t-il un réel intérêt à savoir ce qu'un psychopathe pédophile peut faire subir à un(e) enfant? Non plus car ce serait alors juste de la curiosité morbide.
Alors quoi?? pourquoi ai-je trouvé l'idée brillante? Car il a atteint à mon sens pleinement son objectif: Écoeurer le lecteur jusqu'à la lie, l'emmener jusqu'au bout de l'horreur, jusqu'au bout du supportable (sans verser dans le "pathos" ni dans l'excès de détails non plus mais un juste peu trop quand même!....) et faire qu'on ne s'arrête qu'à la dernière page? qu'on tourne les pages jusqu'à la fin, toujours plus loin, pour savoir enfin comment l'auteure aura imaginé le dénouement.
Pourquoi ce désir malsain de se projeter plus avant dans un tel esprit fracassé? Que peut-il en ressortir de bon? de positif? Nous "aider" à comprendre la psychologie d'un tueur? Comme un jeune enfant démembre sa poupée pour savoir "comment ça marche"? Et pourquoi pas? Voir comment un esprit délirant en arrive là. Comment il succombe à ses propres démons et voulant tellement y échapper... Comment un manque d'amour à la base, peut être ressenti puis vécu et développé?
Mais surtout, il me pose une question existentielle: Quel serait le rôle de notre "Société" sur le développement de tels états d'esprit déviants? pourrait-elle en être la "complice" hypocrite, en partager la responsabilité partagée? Comment percevoir le blanc du noir, la normalité de l 'anormalité, la morale de l'amoral et de l'immoral?
Enfin, pour toucher un mot sur l'auteure, son style d'écriture courte, vive, violente, brute de décoffrage, percutante, sans détours et spontanée me fera sans doute quand même persévérer pour découvrir la suite de ce talent certain et voir sa façon de traiter d'autres sujets.
Premier ouvrage que je lis de Loana HOARAU, un thriller pour ma part très dérangeant.
Nous sommes placés du côté du bourreau, pédophile, malade, plein de déviance. Toutefois ce dernier ressent des sentiments comme tout un chacun.
Un roman fort par ses propos et la place que l'auteure nous donne. On ne ressort pas indemne de cette lecture. A ne pas mettre entre toutes les mains.
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