"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans une prodigalité extrême, « Les Morsures de l’inachevé La famille Müller, 2 » est
une page de notre Histoire.
Dans cette apothéose d’enserrer une fiction avec la réalité, tel un film à ciel ouvert.
C’est l’heure d’un bouleversement radical. Les pierres tombent les unes après les autres. Quand est-il de cette frontière mentale et si visible à l’œil nu ?
Berlin-Est, dans le studio de la TV allemande, Karl Edouard, le porte-parole du Parti communiste annonce qu’Erick Honecker, fondateur de la construction du Mur de Berlin se retire.
La sidération côté Est, l’incrédulité et l’impression oppressante d’une chimère.
On ressent les tremblements de ce mur. La vue cachée encore sur le versant Ouest. Comme si un mur de trente ans qui a séparé des familles, des amis, coupez des routes et fendu en deux la marelle de la petite Eva en pleine ruelle où les rais de lumière étaient de l’or pacifique.
« Derrière la vitre du mirador, un soldat les observe à la jumelle. Comme par réflexe. Qu’est-ce qui peut bien trotter dans sa tête ? Ce soldat solitaire doit pourtant bien avoir eu vent de l’ouverture officieuse des frontières. Cela doit être plus difficile qu’on imagine d’abandonner les réflexes de contrôle, le rituel rassurant des obéissances, de renoncer aux gestes fondateurs de sa survie mentale. »
Ce récit profondément humain est un arrêt sur image. « Les Morsures de l’inachevé », des stigmates à la vie à la mort. L’ineffable qui perdure. Les déchirures sont des armures pour toujours. Ce mur abattu de liesse et d’espoir, dans les mains de Laurent Maindon, est le tremblement d’une humanité qui renaît. Ici, tout est pétri de sentiments. Les généalogies à l’instar de cerceaux qui s’agitent de par cette nouvelle ère.
« On entretenait le dégoût ou le rejet du Mur ce qui, au fond, correspondait assez bien à l’objectif premier de ses constructeurs, répulsion et intimidation. »
Nous sommes en plongée dans la famille Müller. Eva, adulte, devenue. Thomas, son cousin, ce qu’elle ignorait. Elle l’aime, il la vénère. Manfred, le père d’Eva, qui perd la mémoire, un vieil homme triste et désabusé. Sans attente de joie. L’heure est passée. La frontière murale l’aveugle encore. La guerre froide est un manteau lourd de pluie sur ses épaules. L’ignorance de l’autre, le pot de fer contre le pot de terre. La lecture s’efface. Nous sommes dans l’effervescence d’un mur qui s’abandonne. L’agonie d’un passé et deux contraires qui vont se rassembler, se réapprendre, s’apprivoiser.
Ici, est le règne de l’Histoire, des cartographies qui se réinventent. Le poids d’une soumission abolie, les blessures visibles pour toujours.
« Il a beau avoir subi les affres de la Stasi et du régime communiste autant qu’il a pu, il ne parvient pas à s’identifier à la frivolité de ce côté-ci de l’existence.
Condescendance est le mot qui lui vient à l’esprit. Je condescends à poser mon regard sur ta pauvre petite vie, toi, fils de l’Est. »
Les hommes et les femmes, foule en joie ou de silence, dans la lucidité radicale d’un sacrifice d’une décennie, le murmure de l’effondrement d’un enfermement, le sifflement des balles s’éloigne. Deux familles séparées se retrouvent dans la gloire d’un midi pile.
L’heure des retrouvailles, où chaque geste, chaque détail, peut prétendre à la fraternisation, à la communion des disparités. Est-Ouest, si près de nous encore.
« L’épiderme du Mur s’en va en morceaux désormais. »
Laurent Maindon signe un récit mémorable. Une mise en abîme absolument réelle. De haute précision, avec un regard profondément juste, les rêves blessés et tout ce temps perdu où le Mur, telle une noria d’oiseaux noirs, barbelés sur les consciences.
« Amoureux, certes, ils le sont, embrasés sur l’autel des réconciliations collectives. »
« Deux jours d’errance absolue, où il est emporté dans le tourbillon de l’Histoire. »
« Les portes du salut se referment. Il n’y a que pour toi que je reste en vie, Eva. La solitude est un linceul de cristal. »
« Terre Ciel Enfer » est le premier volume de cette saga romanesque. « La famille Müller » compose le deuxième, trente ans après, les mêmes protagonistes avec tout le poids de l’Histoire sur leurs épaules. Ils peuvent se lire indépendamment.
C’est un récit stupéfiant de justesse. La mission d’une littérature de renom, cruciale et attentive au monde. Publié par les majeures Éditions Le Ver à Soie.
Une marelle entre « Terre, Ciel, Enfer ». Sauter les cases à pas de ténacité, s’arrêter. Attendre la venue de l’écriture savante de Laurent Maindon, comprise, éperdument lucide et travailleuse.
Un corps à corps avec une trame qui ne cède rien face à l’adversité.
Retenez bien ce volume 1, le premier d’une saga historique, apprenante, enivrée de sentiments.
La famille Müller en apogée. Dans cette dernière je demande la mère, Christa, une femme énigmatique pour les siens. Le père, Manfred, un homme résistant et convaincu. La fille, Eva, petite mère pour son frère qui sera son bienfaiteur. Pas maintenant, pas tout de suite.
Et le fils, Hans, le tout petit qui naît dans les prémices du Mur de Berlin.
« Chers auditeurs, ce dimanche matin restera dans nos corps et nos âmes bien plus encore que ne durent les édifices de pierre ».
Un bulletin météo, 7h02, la radio berlinoise, annonciatrice d’un séisme tragique pour toute la population allemande.
Eva comprend. Dans l’estivale chaleur, des hommes, pierre après pierre façonnent un mur. L’infranchissable et les mains futures accrochées aux barbelés.
« Vous déchirez nos familles ! Tu n’as donc pas de frères et sœurs chez nous ? Des cousins ou des cousines ? ».
Côte Est, côté Ouest, les déchirures comme du papier froissé jeté en pâture. Les soldats veillent. L’ordre est à la soumission, aux diktats politiques. Qu’importe les sanglots, les familles séparées.
Reste le diapason d’une foi pour son camp. L’Est, l’Ouest, certains devenus ennemis à la vie à la mort.
L’Est et ses privations ou son idéal. Tout dépend des convictions qui sont les lois. La terre tremble, le ciel est zébré d’éclairs et l’enfer règne.
« - Faites vos bagages et venez nous rejoindre ! hurlent certains.
- Sautez tout de suite ! Scandent les autres .
Cris et pleurs contrastent avec le silence des ouvriers qui ne s’arrêtent pas ».
Manfred et Christa côté Ouest, et elle séparée des siens, communistes convaincus. Les repas de famille ancestraux, de rage, de colère et d’intolérance. La fureur des différences idéologiques. Elle ne reverra plus son père et sa mère vivants. Elle, dont son antre vacille malgré la puissance des fondations. Le délabrement, l’apocalypse. Il n’y a plus d’horizon. C’est un labyrinthe qui cache la vue. Celui des intériorités inachevées, tristes et frustrées.
Comment ce jeune couple peut-il résister ? Hans, qui est né le jour fatal de la première pierre, qui fera monter l’édifice des larmes jusqu’en enfer. Eva, petite fille qui se fraie un chemin dans les sous-bois de son enfance. Christa qui se fissure. Le corps en bataille sous les non-dits.
« Une chape de plomb s’abat lourdement. Close pour longtemps, la cave des origines ».
« Hans a cinq ans et pour la première fois, ils quittent Berlin depuis la construction du Mur ». Le rideau de fer omniprésent, mais la navigation dans la prison à ciel ouvert est manichéenne. Elle a des allures de frénésie et de liberté et dans un même tempo c’est le rocher de Sisyphe. Coffres fouillés, l’impudeur, les journaux confisqués. Franchir la frontière, défier l’enfer et les autres. Mais la vie est un écueil. Les blessures incommensurables, Christa est fragile, trop. Rêveuse, mélancolique, assoiffée d’amitié particulière. Hans est un emblème. Il est le Mur de Berlin. Venu au monde dans ce funèbre chaos. Son corps comme un écho, la destinée d’un peuple qui signe son dernier voyage. L’immensité du monde, le mal dans son summum. Les barbelés ont des secrets, des convoitises, des espérances et des sanglots longs.
L’enfance aux abois, la prose des souffrances.
Ce premier volume est d’une sincérité radicale. Une épopée d’ombre plus que de lumière.
L’Europe et l’Histoire qui dévore la famille Müller.
1972, « les frontières s’entrouvrent le temps d’un week-end... ».
Que reste-t-il des miettes dans le caniveau des endurances ? Ce livre immensément émouvant, sensible, d’une justesse sans faille est comme un rêve blessé dans sa chair. Viscéralement mémoriel, tant l’Histoire sonne encore le glas longtemps après le point final. La famille Müller entre terre, ciel et enfer. La mission même d’une littérature vertigineuse et profondément humaine. Un livre sur le sacrifice et l’infinie douleur des échecs du monde. Publié par les majeures Éditions Le Ver à Soie.
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