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Dans l’Angleterre du XVIIIe siècle, la condition féminine est sans doute une expression qui n’a pas lieu d’être. Puisque chacun le sait bien, la condition optimum dont rêvent les femmes est d’être épouse modèle, mère attentive, femme discrète ne se formalisant pas si son mari a quelques élans du cœur ou du corps en dehors de la cellule familiale. Ceci étant entendu, quelle jeune fille de bonne famille raisonnable irait à l’encontre de ce postulat ?
Lady Mary fut l’une d’elle. Rebelle, ne souhaitant pas seulement connaître la couture ou le piano, mais être instruite, capable de disserter, réfléchir, échanger avec ses pairs, et surtout avec les hommes qui l’entoure. Elle souhaite choisir son mari et n'approuve pas celui qui devrait lui être imposé pour satisfaire aux désidératas d’un père.
Lady Mary est belle comme le jour. Intelligente et cultivée, elle apprend à lire et le latin seule dans la bibliothèque paternelle. Il n’en faut pas moins pour devenir une héroïne hors du commun. Elle est amoureuse, celui qu’elle convoite ne sied pas à son père, qu’importe, elle va fuir avec celui qu’elle a choisi, quittant son confort et sa dot.
Pourtant, elle déchante vite, et celui qui au début de leur relation l’a parée de tous les compliments a tôt fait de l’ignorer, même lorsqu’ils partent en Turquie, où il est nommé ambassadeur à Constantinople pour cinq ans.
Lady Mary s’y intégrera rapidement et s’y révèlera fin stratège. Elle fera la connaissance des femmes de la haute société locale, tentera de vivre comme elles et s’intéressera de près à la condition féminine dans l’islam. Curieuse, attentive, intelligente, elle saura également conseiller finement ce mari qui ne comprend rien aux us et coutumes du pays.
Pendant son séjour, elle va écrire des lettres à ses relations restées en Angleterre. Ce seront ses Turkish Ambassy letters, qui nous en apprennent beaucoup sur la civilisation qui l’entoure et sur ses habitudes. Harem, épouses multiples, mais aussi place et importance de la femme auprès des décideurs, et liberté de celles-ci, rien ne lui échappe. Toute sa vie, elle osera, expérimentera, ira au contact des autres pour tenter de les comprendre, sera même un des précurseur de la technique d’inoculation de la variole, qu’elle a testé sur son propre fils en Turquie.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/12/03/lady-mary-danielle-digne/
C'est d'abord un bel objet, illustré avec raffinement, qui rend l'idée de la disparition du livre papier encore plus intolérable. C'est ensuite un récit lumineux, inspiré de la vie de Jean Chardin, qui tout en étant la simplicité même possède une force d'évocation saisissante (magique Perse des Safévides). C'est surtout un cheminement, singulier, celui d'un homme qui s'enivre de richesses avant de faire sien le sublime 'Vanité, tout est vanité" de l'Ecclésiaste.
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