"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Lors du prologue, les descriptions de Russell Strawl et de ses exploits m'ont donné l'impression qu'on me parlait d'un super héros, invincible avec une grosse réputation et une légende monumentale. Donc ça sonnait un peu faux et ça avait surtout un côté grand-guignolesque. Et en même temps, une légende reste une légende, avec tout ce qu'elle peut contenir d'exagération.
Mais rapidement après ça, j'ai trouvé le style narratif espiègle, ressemblant au compte rendu du quotidien ou à un documentaire animalier sur un humain, dans les différents registres de sa vie : Russell au travail, Russell en famille, Russell avec les copains. Bref, j'ai beaucoup aimé le ton. Strawl est un drôle de personnage, brut de décoffrage. Il ne fait pas dans la dentelle. Un vrai beauf des années 30.
Il est en réalité un sombre connard, brutal et violent, qui se sert de sa position de représentant de la loi pour molester quiconque peut lui apporter des informations, homme ou femme, honnêtes gens ou pas, peu lui importe, et tueur d'hommes et d'animaux, bien planqué derrière son insigne.
J'ai eu beaucoup de mal à rester concentrée dans cette histoire. Alors que Strawl part à la recherche d'indices pour trouver un tueur d'indiens, le lien entre les différents personnages et les lieux qu'il visite, rien ne m'a semblé évident. Beaucoup trop de blabla et de digressions m'ont empêchée de m'immerger dans cette histoire qui d'ailleurs m'a semblé manquer d'une intrigue solide et palpitante. J'ai eu l'impression d'avancer au petit bonheur…
Il y a néanmoins un personnage que j'ai adoré, Elijah, indien et fils adoptif de Strawl, personnage fantasque, un peu prédicateur, totalement imprévisible, très pieux et débauché, ivrogne et tricheur.
L'écriture est vraiment belle et les descriptions de la faune et la flore très détaillées, trop à mon goût. Je me suis beaucoup ennuyée car du côté des humains il ne se passe pas grand-chose, on n'est pas tenu en haleine, le suspense est inexistant. Pourtant il y a eu des moments intéressants, parfois...
Hiver 1918, état de Washington. Une violente et soudaine tempête s'abat sur le Nord-Ouest des États-Unis, la neige tombe drue, le vent souffle violemment, les températures chutent brutalement. Luke et Matt Lawson, des jumeaux, se perdent dans le blizzard, ils sont retrouvés à temps par leur institutrice Linda Jefferson qui les met à l'abri dans l'école. Au réveil le lendemain Luke ne respire plus, Mme Jefferson a fait de Matt un homme et le père des jumeaux, parti en quête de ses fils, n'est pas rentré. Matt va devoir gérer son deuil et son nouveau statut d'homme à la tête du ranch familial tout en cherchant son père dont le corps n'a pas été retrouvé. C'est en faisant ses recherches qu'il va rencontrer Wendy et tomber amoureux, mais il semblerait que pour Matt rien ne soit simple, et cet amour va prendre une drôle de tournure et changer leurs destins ainsi que ceux de leurs proches.
Voici un roman très sombre et très rude que je ne vous conseille pas de lire si vous avez le cafard! L'atmosphère est suffocante, lourde de culpabilité, de pénitence et de violence. Les personnages sont tourmentés, hantés par les regrets et par ce qu'ils sont. Certaines scènes sont cruelles, très sanglantes voire gores (je pense particulièrement à une scène comprenant une hache). J'ai beaucoup aimé Matt et Wendy lorsqu'ils étaient adolescents, lui essayant de faire ce qu'il fallait et elle l'aidant en étant présente et attentive, je les ai trouvés très touchants. Je les ai moins appréciés adultes, ne comprenant pas forcément leurs actions, leurs manières de faire. En bref, un roman âpre et brutal qui malmène ses personnages et est capable de mettre mal à l'aise ses lecteurs.
1932, Strawl officier de police à la retraite va reprendre du service et pourchasser un tueur en série, qui sème des cadavres d’indiens atrocement torturés. Tout cela se déroule dans le grand ouest américain entre vallées encaissées et canyon de la mort qui tue. Je n’ai pas pu m’empêcher de visualiser un John Wayne en fin de carrière dans le rôle de Strawl. Ce personnage principal est incroyable, il tient le roman à lui tout seul ou presque. Russell Strawl est un héros comme on n’en fait plus, entièrement dévoué à son travail même si cela doit être au détriment de sa vie familiale. Il est rude, infatigable et pas mal abimé par la vie mais il est encore capable d’amour… pour son cheval. On retrouve tous les thèmes classiques au western, cow-boys et Indiens, shérif et bandits et une histoire sanglante dans les contrées encore sauvages du grand ouest. Un récit sombre porté par une plume descriptive qui nous fait visualiser parfaitement les scènes et des dialogues réalistes qui bien souvent m’ont fait réfléchir. Un roman graphique où l’on trouve la brutalité et la violence inhérente à la nature humaine exacerbée par la solitude et la vie dans ces contrées reculées et sauvages. Strawl a une façon toute personnelle d’appliquer la loi et les thèmes de la justice, de la culpabilité et du jugement sont quasi bibliques. Il fait partie de ce genre de policier qui tire d’abord et discute après et ma foi à cette époque et dans ces lieux cela semble presque se justifier. C’était aussi impressionnant de voir les changements s’opérer en lui allant de l’homme sur de lui à celui qui accepte son destin. L’univers que nous présente Holbert dans ce roman est mythique et vraiment magnifique, un roman qui soulève plus de question qu’il n’y répond. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/05/22/37324653.html
Pendant la terrible tempête de 1918, Matt va perdre son frère jumeau et son père. Une série d’événement va s’enchaîner aux conséquences imprévues et terribles à la fois. L’auteur excelle dans ce qui est de nous monter la condition humaine dans toute sa splendeur. Nous allons suivre comme dans une saga familiale, la trajectoire de deux personnages masculins entourés des femmes de leur vie, mère, femme, fille. Même s’il y a des temporalités différentes, le roman se déroule de 1918 au début des années 60. Il y a des moments où ils seront amenés à se croiser. Le personnage de Matt est celui qui m’a le plus frappé par sa force de caractère, sa solitude, ses blessures, sa droiture et par sa vie subit au lieu d’être vécue. J’ai trouvé ce livre rude où l’espoir côtoie la peur et l’amour la violence. Il y a aussi un côté lyrique dans cette grande saga américaine, cela m’a fait penser aux Raisins de la colère de Steinbeck avec cette Amérique profonde dont les personnages sont attachants autant que repoussant. Souvent j’ai été surprise par les réactions des personnages de Bruce Holbert à me demander pourquoi, il ou elle a réagit de cette façon. Une action qui se déroule lentement, les années passent, on verra vieillir les personnages, ce qui a son charme. Pour le côté Natural Writing, à part la première partie qui nous parle d’une tempête de neige phénoménale, de forêt où l’on se perd, l’accent sera plutôt mis sur les gens du cru, sur le dur labeur des ouvriers pour la construction de barrage ou encore sur les journaliers dans les fermes. Le siècle avance et avec lui la technologie, adieu cheval, bonjour Ford T. C’était parfois violent, sanglant et pourtant c’est un roman qui a su me captiver avec ses personnages atypiques et une histoire qui tisse sa toile et où chaque fil possède sa signification. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2019/04/22/37258586.html
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