"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Jacobo (chômeur, bien malgré lui, depuis quelques années) et Irène (mère au foyer) ont vu leur paisible existence de « citoyens lambda » virer au cauchemar, lorsque leurs ultimes économies ont été englouties, faute d’avoir déniché un emploi. Ils ont absolument tout perdu et ont dû se résigner à quitter Madrid, pour s’installer avec leur fille de treize ans (Miriam, qui – elle – n’accepte pas du tout la situation !) dans un village perdu, hameau qui a vu naitre la famille d’Irène …
Et voilà que, dix-huit mois plus tard, le sort s’acharne : quelqu’un a tué Irène et tiré sur Jacobo (le laissant pour mort …) À son réveil (après un coma d’une quinzaine de jours) la police va lui annoncer l’indicible : de très lourds soupçons se portent sur sa propre fille, aujourd’hui âgée de quatorze ans. En effet, de nombreux messages échangés sur WhatsApp avec sa cousine Carol (et Nestor, le petit ami de cette dernière) semblent ne laisser aucun doute … Nora (l’avocate de Miriam) et Jacobo (qui vit un enfer sur terre) vont alors tenter de comprendre ce qui a pu provoquer ce chaos …
Un roman policier plutôt atypique, qui – à mon avis – s’approche sensiblement plus de la littérature blanche (même s’il s’agit sans contexte d’une intrigue d’une grande noirceur …) Une analyse pertinente sur la déchéance sociale d’une famille « ordinaire ». Sur la difficulté à communiquer, au sein d’un foyer ou chacun tente de garder la tête hors de l’eau. Sur la fragilité – et la gracilité – du lien existant entre équilibre mental, dépression naissante ou folie furieuse … Lorsque le banal bonheur du quotidien cède la place à une tragédie sans nom, plus aucune certitude ne prévaut sur la logique ou la raison … Une écriture qui va à l’essentiel et une atmosphère anxiogène qui ne faiblit pas, jusqu’au dénouement. Un très agréable moment de lecture !
Monteperdido est le premier roman de l'espagnol Agustìn Martinez.
Venu du monde de la télé (l'auteur est scénariste), Martinez nous emmène au cœur des montagnes, dans les Pyrénées aragonaises, un peu à l'est de la Navarre que sa compatriote Dolores Redondo nous avait fait visiter récemment.
[...] La vallée de Monteperdido. “La Vallée cachée”, comme l’appelaient les touristes.
Mais pas d'ambiance "fantastique" ici à Monteperdido : l'intrigue est tout ce qu'il y a malheureusement de plus trivial. Deux fillettes d'une douzaine d'années, deux amies, deux voisines, ont disparu, sans aucun doute enlevées.
Les enfants n'ont jamais été retrouvées, le coupable non plus, les deux familles sont en perdition, au fil du temps le village se démobilise peu à peu mais continue de regarder d'un mauvais œil les rares étrangers qui viendraient jusqu'à cette vallée reculée.
[...] Dans ces montagnes, il est difficile de retrouver quoi que ce soit. Elles ne sont pas faites pour les hommes…
[...] Dans ce village, si on ignore comment s’appelle votre putain de grand-père et comment il prenait son café, vous êtes un étranger. On adore les gens qui vont et viennent et qui, au passage, laissent leurs billets de banque à Monteperdido. Mais ceux qui viennent et restent, on les trouve beaucoup moins marrants !
Le roman démarre cinq ans plus tard : l'une des deux gamines réapparait, traumatisée mais vivante, une ado désormais, au témoignage incertain.
Deux flics débarquent de la ville pour prêter main forte aux gendarmes locaux et retrouver au plus vite la seconde fillette.
[...] Si on s’y prend correctement, on retrouvera Lucía.
❤️ La réussite de ce polar à l'intrigue somme toute classque, tient dans l'épaisseur que l'auteur a su donner à ses personnages. Tous ses personnages : les flics, les membres des familles et les voisins du village.
Et un autre personnage aussi : cette montagne qui enserre ce village de sommets inaccessibles.
Entre les montagnes inquiétantes et les taiseux du village tout aussi inaccessibles, l'ambiance est particulièrement oppressante.
Rares sont les polars qui savent nous épargner les descriptions horrifiques des tourments vécus par les jeunes filles séquestrées par leur ravisseur, mais Agustìn Martinez n'a nullement besoin de ces clichés pour tisser la toile qui va emprisonner le lecteur.
[...] Tout ce village semblait replié sur soi, tournant le dos au monde, aux montagnes, aux regards étrangers.
[...] Ici, les gens sont très particuliers. Tu l’as remarqué. À la fois sympas et faux culs. Ça doit tenir à la région. Les deux faces de Monteperdido.
[...] Et sous cette couche de neige, tous les secrets des gens qui refusent de les laisser apparaître.
[...] Les liens, parfois maladifs, qui se tissent dans ces cercles de famille.
Le couple d'enquêteurs venus de la ville (un flic proche de la retraite et une adjointe au passé compliqué, tous deux spécialistes des affaires "de famille"), ce couple d'enquêteurs est particulièrement réussi et ils se démènent comme ils peuvent au milieu de ces montagnes fermées aux étrangers pour essayer de découvrir la vérité.
[...] Parfois, ce travail était épuisant. Pas à cause des heures qu’on y consacrait ou des déplacements obligés, toujours dans l’entourage des disparus, comme des imposteurs. Mais c’était la condition humaine qui était décourageante.
Un excellent polar avec une intrigue classique renouvelée par une ambiance avec une forte empreinte. Avec quelques longueurs cependant (un gros pavé de 500 pages).
Pour celles et ceux qui aiment la montagne.
En 2017, j'avais beaucoup apprécié le premier roman d'Agustin Martinez, Monteperdido.
Je n'ai donc pas hésité une seconde quand j'ai découvert "La mauvaise herbe" sur la table des nouveautés de la médiathèque.
J'ai été tout de suite happée par l'atmosphère étouffante de ce quasi huis-clos dans ce petit village de Portocarrero, situé dans la région désertique d'Almeria, au sud de l'Espagne.
Jacopo et Irene ont dû quitter Madrid avec leur fille Miriam, une ado rebelle quand Jacopo a perdu son emploi de statisticien. A Portocarrero, où Irene a grandi, ils pourront loger dans la maison délabrée où habitaient les parents d'Irene. Mais Miriam a les goûts et les envies d'une ado de son âge et être pauvre dans un petit village écrasé de soleil et balayé par les rafales poussiéreuses de sirocco, ce n'est pas trop son truc.
Un soir où Miriam est restée dormir chez une amie, deux individus pénètrent dans la maison, abattent Irène et Jacopo.
Après des semaines à l'hôpital, entre la vie et la mort, Jacopo apprend qu'au vu de ses échanges de mails, la commanditaire du massacre est Miriam, sa propre fille.
Nora l'avocate de Miriam, décide de mener l'enquête car celle de la police lui semble trop partiale.
Après de multiples rebondissements, une narration nourrie de retours en arrière, de descriptions qui mettent tour à tour à l'honneur Jacopo, Irène ou Miriam, on découvrira ce qui s'est réellement passé le soir du drame mais aussi durant les longs mois d'exil dans ce village trop reculé.
Dans un lieu où chacun est sous le regard des autres habitants, les secrets de chacun seront pourtant dévoilés. Les familles éclateront.
Quand la vérité sur le drame sera finalement mise au jour ... j'ai été déçue, car je ne pensais pas que tel serait le dénouement de ce sac de nœuds bien alambiqué.
Une écriture tout aussi poisseuse que la chaleur qui plombe les lieux, une lenteur écrasée de soleil et de chaleur pour un roman que j'ai lu durant les journées les plus chaudes de cet été.
Avec ce roman, Agustin Martinez confirme son talent ... vivement son prochain roman !
Monte perdido, mont perdu...un coin reculé des Pyrénées espagnoles, une vallée noyée sous la neige en hiver et sous les pluies torrentielles au printemps, celles qui détruisent les ponts et noient ses habitants.
Un lieu comme hors du temps où la faune sauvage (sangliers, cerfs et chamois) s'ébat dans la forêt qui couvre cette vallée, un endroit où les touristes viennent se reposer, s'essayer à l'escalade ou au canyoning. Là où le seul tunnel qui aurait relié ce "rien" au monde n'a même pas été achevé...Là où ont disparu cinq ans auparavant deux gamines même pas ados.
Tout le monde a été soupçonné et il a été soudain, naturellement, plus commode de supposer qu'une personne extérieure au village avait pu enlever (tuer ?) les deux gamines..
Sauf que, dans ce village coupé du monde, chacun tient ses secrets bien gardés, protège son intimité, se défie de l'autre.
Sara, la flic un peu névrosée, va démêler les fils, s'égarer, reprendre les pistes d'une enquête bâclée cinq ans plus tôt
Un rythme assez lent mais qui permet au lecteur de s'immiscer dans l'âme de chacun des protagonistes, de comprendre les failles et les peurs, de cheminer au plus près de chacun d'eux.
Plutôt très bon pour un premier roman et au final, une intrigue prenante à laquelle s'ajoute une fin déroutante !
Il n'y a pas encore de discussion sur cet auteur
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !