"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans le choix des expositions que le musée de Port-Royal organise depuis sa création, une place de choix a toujours été accordée aux figures majeures de Port-Royal, Blaise Pascal dès sa création en 1956, Mère Angélique en 1991, Jean Racine à deux reprises en 1955 et 1999, ou Philippe de Champaigne encore tout récemment. Des expositions, comme Face à faces. Visage du Christ dans l'art français du XVIIe siècle en 2005, ouvraient la voie à des sujets d'iconographie religieuse ; l'exposition prochainement consacrée aux reliquaires jansénistes, ouvrira celle de l'anthropologie historique religieuse.
A côté d'expositions qui trouvent leur raison d'être dans l'histoire proprement dite de Port-Royal des Champs, la conservation du musée entend proposer des expositions à consonance contemporaine. L'exposition des dessins de Mère Geneviève en 2008 montrait le quotidien de la vie monastique, dans l'âpreté d'une oeuvre graphique d'une qualité hors du commun. Chaque année, des artistes et plasticiens vivants sont invités à dévoiler une parcelle de ce que Port-Royal leur inspire. Mais c'est pourtant la première fois que le musée propose une exposition d'art contemporain autour d'une thématique particulière.
L'initiative en revient à Denis Coutagne, conservateur en chef du Patrimoine, chargé de mission auprès du GIP-C de Port-Royal. Avec son immense sensibilité, et un merveilleux savoir-faire au service des musées depuis plus de vingt ans, il réunit un cercle d'artistes contemporains qui témoignent d'une permanence du dessin, de l'aquarelle, de la peinture dans une contemplation de la nature dont, à sa manière, le site de Port royal reste une expression privilégiée, et quasi édénique. Ce parcours a été construit en partenariat avec la revue Conférence, qui, en marge de ses travaux proprement littéraires, poétiques et philosophique, publie des oeuvres figuratives, toujours ouvertes sur un ailleurs, un infini, un au-delà de l'immédiate visibilité du monde et de la nature. Port-Royal, dont le paysage à la fois naturelle, historique et spirituel, porte la marque de ces regards multiples et inachevés, apparaît comme propice à accueillir une telle exposition. Le choix des oeuvres graphiques, par l'humilité des matériaux, fusain, pastel, aquatinte, aquarelle, s'accorde à un sentiment de fragilité dans une grande attention à un réel - arbre, rochers, étang, fleurs, forêt - dont notre regard jamais n'épuise la profondeur. Quelques oeuvres à l'huile sur des formats plus importants témoignent en contrepoint d'une volonté d'affirmer la présence du corps, parfois dans un corps-à-corps douloureux, parfois dans l'évocation de la souffrance et de la chute, parfois aussi dans l'exaltation d'une glorification toujours espérée. Dans un monde saturé d'images, les artistes réunis par Denis Coutagne interrogent une vérité, celle des images, celle que ces mêmes artistes nous aident à percevoir lorsqu'ils sont parvenus à déchirer le voile de Mâyâ pour nous montrer, au-delà même des « Traces du sacré », la nature et le Créateur dans leur native beauté.
Philippe Luez Conservateur en chef du Patrimoine Directeur du GIP-C Port-RoyalLe site du Musée de Port-Royal des Champs
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !