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La guerre venait de s'achever lorsque, soudain, un lutin issu de la lande bretonne redonna du rêve au pays brisé. Il gagnait le Tour de France cycliste, épreuve chérie des Français. Le pays tout entier se prit à crier « vas-y Robic » en découvrant un gnome au visage tavelé, nanti d'un casque retenu par des oreilles décollées qui le rendait plus énigmatique encore. Le personnage de Jean Robic commençait à se bâtir une légende. Peu à peu, il exerçait sur le public une certaine fascination car il existait quelque chose de surnaturel en lui, que l'on retrouvait dans son énergie, son courage physique et moral. Il était obstiné, cabochard. Jamais il n'illustra mieux l'image du Breton têtu.
« Vas-y Robic ! » Cet encouragement affectueux, il l'entendit toute sa vie. Tous ceux de ma génération, comme ceux de la précédente, ont crié « Vas-y Robic ! » en apercevant n'importe quel quidam courbé sur un vélo. C'était un véritable cri de guerre et le Breton me raconta un jour, lors d'un reportage, que, gravissant en compétition une côte de la vallée de Chevreuse et enregistrant les « Vas-y Robic ! » qui le portaient comme une immense vague de fond, il entendit un seul « Vas-y Bobet ! » Il pensa alors : « Jean, ton étoile pâlit ! » Le fait que tout coureur cycliste ait pu se trouver, dans l'esprit populaire, identifié à Jean Robic, suffit à prouver l'extraordinaire célébrité de ce petit Armoricain de Radenac.
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