"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour Christian Dior, pour l'excentrique Jacques Fath et la maison Lanvin, elle a défilé. C'est la fin de la Seconde Guerre, la haute couture est en plein essor.
Freddy raconte les défilés, l'euphorie des coulisses, les coupes de cheveux à la garçonne, les liaisons amoureuses. Avec sa bande d'amies mannequins, Bettina, Praline, Lucky, Patricia, elle va conquérir le monde. Jusqu'à ce que la tragédie les rattrape.
Se dessine l'autre visage de Freddy, son identité dans un Paris nocturne, encouragée par Marlene Dietrich qu'elle a connue toute jeune.
Partant de la vie d'une femme qui fut assez célèbre pour publier ses mémoires, Aude Lechrist allie imagination et style pour combler les intermittences de ce destin singulier. Un roman intime et rythmé, à l'image de ces jeunes femmes qui brillent, aiment et font rêver.
Marie-José / Freddy / Frédé, aux noms multiples, à la ville ou à la scène, fille d'ambassadeur, est mannequin vedette de Germaine Lecomte, couturière française fondatrice d'une maison qui porte son nom. Nous sommes pendant la Deuxième Guerre mondiale, sous l'Occupation, dans l'univers si particulier de la mode, codifié et parfois interlope, entre stress et strass, du microcosme parisien aux escales aux quatre coins du monde, où les plus grands couturiers semblent jouer leur carrière ou leur vie sur un défilé. Freddy naviguera dans ce milieu, tout à la fois incandescente et secrète, se liera d'amitié avec Marlene Dietrich dont elle deviendra l'amante, avant de tenir le cabaret La Silhouette, rue Notre-Dame-de-Lorette, jusqu'à la Libération. En quête d'identité, elle considère sa carrière "fondée sur un mensonge, un mensonge délibéré qui me permet de créer ce personnage que vous pensez connaître"...
Largement inspirée de faits et de personnages réels, l'histoire se passe ainsi au milieu du siècle dernier, mais le propos est débarrassé de toute chape historique et les sentiments qui s'y expriment paraissent tout à fait d'actualité. Derrière les bustiers et robes parfaitement ajustés, on perçoit comme une lassitude ou quelque chose qui vacille. On pense à Scott Fitzgerald, d'ailleurs évoqué dans le livre. Il y a beaucoup de pudeur dans les relations des protagonistes, laquelle se ressent dans l'écriture (on relèvera quelques tournures assez curieuses, pas forcément heureuses : "le soleil réfléchit son enthousiasme sur les façades des immeubles"...) Les fêlures ne sont pas assez présentes à mon goût. On s'ennuie passablement dans la première partie, trop longue et plutôt diluée, tandis que le propos se resserre par la suite, avec de jolies pages assez poignantes mais tardives. En résumé, ce texte d'émancipation a "une allure impeccable"... mais peut-être trop.
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