"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dora avait 14 ans lorsqu'elle commença, début janvier 1943, d'écrire son journal. Elle et sa famille s'installaient à Pau au plus loin des inquisitions antisémites des nazis et de Vichy. Journal épisodique au rythme des événements d'une vie enfantine où la classe et les rêves comptent plus que la fureur de l'Histoire.
Le 3 avril 1944, la vie bascule vers un voyage et une destination, Auschwitz, où elle voit disparaître sa mère et une de ses sueurs. Au journal interrompu, se substitue un texte brut, qui raconte les cahots physiques et moraux d'une jeune fille confrontée à chaque instant à la mort et qui, malgré tout, ne renonce jamais à ses rêves.
Comme si l'écriture au ras de la saleté l'élevait, comme si les mots étaient une peau qui recouvrait la marque tatouée sur son avant-bras et qu'elle ne montre jamais. Pas de grandes phrases dans le texte, mais le froid, la faim, les morts et aussi le chant, les poèmes qu'on récite pour tenir et se tenir. Pas de pathos, de vibratos rétrospectifs ; une écriture sèche, au stylet, qui donne au lecteur l'étrange sensation d'être à Auschwitz comme accompagné d'une caméra.
Dora Blaufoux, constamment sollicitée par la télévision, les radios et les lycées, a accepté de livrer ce témoignage unique et d'écrire, en préambule et en épilogue, les souvenirs de la " vie d'avant " et l'immense aventure que fut le retour des camps vers une vie plus jamais ordinaire.
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