"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Un hôtel 4 étoiles de la rue Dong Khoi, ex-Catinat. Deux amants d'origine vietnamienne, venus de Paris pour revisiter leur passé. Durant 44 heures de sexe et d'amour se profile une longue histoire, celle de Saïgon d'hier et d'aujourd'hui.
Un hôtel 4 étoiles de la rue Dong Khoi, ex-Catinat. Deux amants d'origine vietnamienne, venus de Paris pour revisiter leur passé. Durant 44 heures de sexe et d'amour se profile une longue histoire, celle de Saïgon d'hier et d'aujourd'hui.
Il y a aussi Tong, Ly-An, Diêu Tu, autant de personnages entre le Vietnam et la France, marqués par leur destin et le quatrième mois de l'année 1975. Le 30 avril 1975 : jour de la libération, disent les Vietnamiens du Vietnam. La chute de Saigon, disent les Vietnamiens de l'étranger, les
Viêt-kiêu. Une date toujorus tabou. "Parler du mois d'avril. Le Quatrième mois. Ce Quatrième mois, j'ai écrit son nom sans relâche. Et dans ce roman, j'ai fait fleurir des 4 partout, ce 4 interdit, des 4 à toutes les lignes, jusqu'à ce que toi, lecteur, tu en sois malade. Mais à moi, il m'avait tellement manqué."
Saïgon est tombée ou a été libérée (c’est selon le camp dans lequel on se trouvait) le 30 avril 1975. Avril est le quatrième mois de l’année et pour tous les Vietnamiens le mois d’avril reste marqué au fer rouge car comme l’écrit l’auteur « sache, lecteur, qu’en général, dans toutes les familles on trouve des vainqueurs et des vaincus ».
Commençons par évacuer le procédé littéraire de ce roman qui assène des 4 à chaque phrase, à chaque ligne, presqu’à chaque mot. Quatre pour avril d’accord ! Mais aussi quatre sortes de Vietnamiens (entre le nord et le sud du pays il y a 1650km soit 2,5 fois la distance entre Paris et Marseille) ceux du Nord qui y sont restés après la prise de pouvoir des communistes en 1954 et ceux du Sud, puis ceux du nord qui sont partis au sud en 1954 et enfin ceux du sud qui ont quitté le sud pour l’étranger avant ou juste après avril 1975.
« Elle dit qu’il y aura des 4, tellement de 4 que le lecteur en sera dégoûté. 4…comme le mois d’avril, celui de la guerre et de la victoire».
On peut dire que l’objectif est atteint, le lecteur non vietnamien que je suis (ce qui n’exclue pas un vif intérêt et une grande sympathie pour les malheureux habitants de ce pays martyrisé pour s’être trouvé sur la ligne brûlante de ce qu’on appelait la guerre froide) est effectivement victime d’une indigestion ad nauseam de 4, de 44 ou de 444 à tel point que le café des deux magots s’en trouve dédoublé.
Ce n’est pas une raison pour ne pas voir, ne pas lire, ne pas éprouver les sentiments des deux personnages principaux : Il (il n’a pas de nom, vit à Paris et a quitté le Vietnam à l’âge de 4 ans) et Ly-An…à la réflexion, ils ne sont pas deux mais quatre en ajoutant les deux sœurs Linh et Anh dont la destinée est, à elle seule, un résumé du martyre des Vietnamiens.
Ces sentiments sont forts : d’abord le malheur, terrible, imprescriptible, ravageur (« Elle voudrait lui dire qu’elle ne peut pas écrire de happy end ») fait de séparations, de reniements, de familles écartelées ; ensuite le souvenir qu’on tente de préserver avec des lettres, des photos qui arrivent de loin puis n’arrivent plus, qu’on encadre et magnifie, qui aident à souffrir en silence et à supporter l’insupportable ; enfin l’amertume d’avoir tant souffert, de souffrir encore pour quel résultat ? Des destins se croisent, certains ont hérité de ce qui a été confisqué aux autres, tous souffrent pour qu’au final quelques uns viennent « claquer leur fric en faisant du shopping à Paris ».
Trois bonnes raisons de lire ce roman :
Le sujet est fort, les personnages attachants et complexes.
Le contexte historique et social est intéressant y compris sur la diaspora française.
L’écriture est fluide, le roman se lit bien et vite.
Bien entendu, ce roman est interdit au Vietnam, raison de plus pour le lire ici…oui je sais ça fait quatre…impossible d’y échapper !
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