"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
« À cinquante ans, maman n'y avait pas échappé. Elle avait rôti, elle était à point. C'était l'aboutissement logique d'une vie entière à chasser les rayons. Chaque année, elle teignait ses cheveux naturellement bruns en une teinte plus claire à mesure que sa peau, elle, aspirait le soleil d'Afrique sous lequel elle vivait enfin. Elle prenait la teinte de la suie, la même que j'avais sur les mains en réparant mon vélo.
Symbole des années 1980, le bronzage était la signature d'une génération obsédée par la brûlure et les paillettes, où l'on voulait vivre vite, s'étourdir quitte à griller sa peau et assécher la terre. Le bronzage, c'était aussi une promesse : celle de franchir le périphérique et d'accomplir une mue sociale. Ma mère a construit sa vie autour de ce rêve. Elle a offert son corps au soleil, attirant ses proches dans l'orbite de l'astre qu'elle chérissait jusqu'à la déraison. »Margaux Cassan
Tout à la fois récit personnel et enquête philosophique, Ultra violet raconte le bronzage comme cela n'avait jamais été fait : un « fait social total » qui embrasse l'histoire, la sociologie, le religieux, la mythologie et engage notre intimité la plus sensible. Du soleil qui fascine aux rayons qui blessent, des hérauts de la mélanine au destin d'une famille envoûtée, Margaux Cassan nous livre la grande épopée d'une obsession contemporaine.
Un texte d'une fille sur sa mère et sa grand mère.
Décidément, cette année, beaucoup de textes sur les parents sont sortis et j'en ai lu et apprécié plusieurs.
Celui-ci est original car comme le titre l'indique, l'auteure va nous parler du rapport au soleil et au bronzage, aux ultra violets, ultra violets naturels (des vacances dans la ville Rouge pour que les Parisiens reviennent hâlés) ou artificiels (avec les séances dans les salons de bronzage).
Dans ce texte, nous apprenons beaucoup sur ce rapport au soleil, au bronzage, à son évolution dans les perceptions sociaux.
Elle parle aussi des Rastignac de notre époque et en particulier des années 80, que ce soit Jacques Séguéla, Jean Paul Enthoven, Jack Lang, éternellement hâlés...). Elle nous parle de sa famille, de sa mère, qui petite fille en banlieue n'avait qu'une envie, vivre et travailler dans le Paris Intra muros.
Avec des références historiques, philosophiques, sociales, l'auteure philosophe nous parle très bien de la relation à la peau, au bronzage, à sa marque dans la société.
Elle nous parle très bien des années 80 et de ce rapport au corps et à l'image qu'on renvoie aux autres. Elle a également fait un texte sur le naturisme et l'exposition des cops nus mais aussi aux tatouages et piercings.
J'ai apprécié cette approche d'une histoire familiale par ce rapport au bronzage et il y a de belles pages d'hommage aux femmes de sa famille, que ce soit sa grand mère qui sur un bord de canapé sort les albums photos et lui raconte son histoire d'amour avec le grand père grec ou que ce soit ses relations avec sa mère, lors des vacances, au club Med ou à Marrakech où il faut bronzer pour revenir rayonnante à Paris et briller par ce beau ton hâlé.
#Ultraviolet #NetGalleyFrance
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