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«Tu ne feras pour toi ni sculpture ni image quelconque de ce qui est dans les cieux en haut, sur la terre en bas, et dans les eaux sous terre.» (Exode 20, 4) Si la représentation est fonction du langage, elle ne semble pas aller de soi pour certaines écritures qui assument apparemment l'interdit proféré par la parole divine. Pour la tradition juive, ce commandement équivaut à l'interdit de l'idolâtrie. Freud est le premier à le reconnaître comme «un triomphe de la vie de l'esprit sur la vie sensorielle» et pulsionnelle. L'interprétation de ce deuxième commandement ne fait cependant pas l'unanimité dans la tradition qui l'a promulgué. L'histoire de l'art juif, depuis la construction du Temple de Jérusalem jusqu'aux créations des maîtres contemporains, montre que l'interdit biblique ne fut jamais interprété à la lettre. Les sages du Talmud admettent la représentation des formes vivantes tout en lui assignant une limite, et leurs débats nous enseignent ce que la distinction entre le réel, l'imaginaire et le symbolique engage sur le plan éthique. Cet enseignement est ici le point de départ d'une relecture des oeuvres de Duras, Sarraute et Guyotat, qui s'interdisent la représentation par un travail d'écriture visant à délégitimer l'image. Elles sont, ces oeuvres - sublimation du pulsionnel oblige -, pétries par une force corporelle qui, non contenue par les limites de l'image, met en jeu le réel d'une jouissance à déchiffrer.
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