"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
C'est donc un roman à multiples voix que je viens de finir. Le procédé n'est pas neuf qui permet de brosser le portrait de la disparue par petites touches et grâce à divers points de vue : des amis, des parents, des amoureux transis, des jaloux, autant de gens qui l'aimaient ou qui la détestaient, qui l'admiraient ou qui n'appréciaient pas son travail, ... Mais ce qui est bien dans ce roman, c'est qu'Alecia McKenzie prolonge cette technique en l'appliquant aux différents intervenants : chacun se révèle un peu aussi dans ce qu'il dit de sa relation avec Dulcinea. C'est ainsi que certains secrets ou choses tues se dessinent, en recoupant les témoignages, et petit à petit, le premier chapitre qui est celui du voyage en avion des demi-cendres de Dulcinea s'éclaire d'un nouveau jour. Certains points qui paraissaient anecdotiques prennent de l'importance.
Bien qu'il parle d'une défunte et que chacun s'adresse à elle, le livre n'est pas triste ou sombre. L'écriture d'Alecia McKenzie fait alterner des moments profonds avec des passages plus légers, comme par exemple la description de la nouvelle amie du père de Cheryl : "Grande et maigre à l'extrême, elle avait la peau pâle et des cheveux noirs coiffés en bob, mais son visage dégageait une grande douceur et elle a beaucoup ri quand mon père a fait les présentations. A chaque éclat de rire, nous regardions ses dents ; il y avait là de quoi rendre fier n'importe quel lapin." (p.23). La Jamaïque est aussi très présente, peu décrite si ce n'est par ses ouragans et ses zones rurales et la ville de Kingston mais elle est toujours là en fond, soit réelle soit dans les toiles de Dulcinea. Les couleurs, la musique : Bob Marley bien sûr, Yellowman et d'autres que je ne connais pas (des rappeurs d'après ce que j'ai compris, donc c'est normal que je ne les connaisse point), les différents personnages apportent rythme et énergie à ce roman frais et jeune.
Alecia McKenzie est née à la Jamaique et réside à Paris, elle est journaliste et l'auteure de quatre autres romans d'après mes informations pas traduits en français.
Ce pourrait être une histoire la plus banale, Dulci la Jamaïcaine est décédée et nous suivons sa meilleur amie Cheryl dans l'exécution de ses dernières volontés, rependre la moitié de ses cendres à New York.
Mais qui était-elle vraiment? Dulcie n'est pas seulement la séduisante et la désirable jeune peintre jamaïcaine. Dulcinea est une artiste en devenir. Elle évoque et porte en elle l'histoire de son pays, son histoire, ses souffrances, un chemin parcouru qu'elle dépose à coup de pinceau sur la toile.
" j’ai contemplé tes tableau [...] tous dégageaient une énergie sauvage et malicieuse, avec leurs lignes audacieuses et leurs couleurs éclatantes."
Entre Jamaïque et New York ceux qui l'ont côtoyés s'adressent à elle. Tour à tour Cheryl la fidèle amie, la sœur de toujours. Son père Desmond pensant quelle est partie la première pour le contrarier, comme elle l'a toujours fait. Josh enseignant en histoire de l’art séduit par ses hanches avant de l’être par ses toiles. Susie une détestable journaliste, Dakota la femme de son amant prête à tout pour la tuer et d'autres encore. Tous lui rappel des instants de vie marquants, évoquant les souvenirs tristes et joyeux de sa drôles de vie.
Ainsi au fil des pages, les monologues nous la racontent, des souvenirs passés aux presque derniers instants. Le lecteur est plongé dans l'intimité de cette femme , on vibre à l'évocation des ouragans ou de ses souvenirs d’enfance.
Dulcinea Evers aura été "une femme flamboyante ... et résolument libre." Dans la vie comme dans la mort.
Si à la fin de la lecture un mystère demeure. Se plonger dans ce livre aura été un véritable bon moment. On s’attache rapidement à cette beauté qu'estDulci, absorbé par ces personnages et leurs questionnements. L'auteure s'est attachée à nous dévoiler le strict nécessaire afin de laisser notre imagination faire le reste. Jusqu’à la dernière page, ce roman tout en émotion détricotes son existence .
Trésor est aussi un bel objet, un livre de belle facture à la couverture nacrée et à la composition originale.
"Plusieurs questions pressantes tambourinaient contre les parois de mon crane, mais déjà la fièvre m'emmenait ailleurs. Et les caresses revenaient encore et encore comme des plume effleurant ma peau brulante."
http://dunlivrelautre.blogspot.fr/2016/04/tresor-de-alecia-mckenzie.html
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