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La révolution industrielle a tout bousculé. Elle a imprimé à la société son mouvement (standardisation, interdépendance et équivalence mécanique de tout - ce que Veblen appelle la « concaténation »). Le « matériel humain » s'est réglé suivant le rythme déshumanisé de la machine qui « inculque de penser en termes de causes et d'effets concrets, impersonnels, au détriment des normes de validité basées sur l'habitude et sur les standards conventionnels hérités du passé ». « Sa base métaphysique est la loi de cause à effet ». Elle a profondément altéré les anciennes préconceptions du monde, tels les liens du sang, les allégeances nationales ou religieuses, autant de principes subitement dévalués. Naguère « puissants facteurs de contrôle humain », ils ne sont plus que le reliquat d'un âge révolu.
Veblen entrevoit un autre changement : la fin des nations.
Parce que le consentement populaire n'est plus désormais de mise. Parce que le patriotisme ne subjugue plus les classes industrielles les plus immédiatement soumises à la discipline (« dressage ») de la machine et converties aux nouvelles habitudes mentales nées de l'industrie. Cette population n'en vient-elle d'ailleurs pas à désinvestir, suivant un processus caractéristique de la pensée évolutionniste, certains droits naturels, dont l'inaliénable droit de propriété ? Veblen observe ce changement principalement parmi les techniciens et les ingénieurs qui s'affichaient alors socialistes et nourrissaient l'ambition d'abolir la propriété.
De là, Veblen diagnostique « le déclin naturel de l'entreprise d'affaires ».
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