"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Quand Manon, 15 ans, et sa petite soeur Nina se réveillent ce matin-là, la maison est vide. Bientôt, l'information circule sur les réseaux sociaux : pour une raison inconnue TOUS les adultes ont disparu. L'électricité se raréfie, les magasins sont pillés. Pour échapper aux bandes rivales qui se disputent le territoire, Manon et sa soeur se réfugient dans l'ancien conservatoire de musique. Lors d'une sortie pour trouver à manger, elles rencontrent Vic et Adam qui les sauvent des griffes des Kill, maîtres de la zone. Tous décident de fuir vers une île où, croient-ils, ils seront en sécurité. Mais les Kill sont à leur poursuite...
Des parents qui disparaissent, des ados et des enfants livrés à eux-mêmes, c'est avec ce plot en tête que je me suis lancée dans la lecture de Survivre de Jeanne Bocquenet-Carle. Plutôt férue de post-apo et dystopie, j'étais curieuse de découvrir ce titre, à l'apparence peu épaisse et la couverture pleine de relief. Si le résumé semble vous dire quelque chose - et je ne vous détromperais pas -, laissez-moi vous convaincre de donner une chance à ce roman !
Ce matin de 1er avril, Clémence se réveille comme tous les jours, pour une nouvelle journée au lycée. Sortie du lit, elle retrouve sa soeur, Nina, pour le petit-déjeuner. Étonnamment, aucun de leurs parents n'est encore debout : pas de réveil qui sonne, pas de cafetière en route, pas de bruit de douche. En regagnant l'étage, elles découvrent leur lit vide, leurs affaires toujours en place. Leurs parents ont disparu. Tous les adultes mêmes. Livrées à elles-mêmes, Nina et Clémence n'ont plus qu'une seule idée en tête : survivre.
En commençant la lecture de Survivre, je me disais que le nom de l'auteur ne m'était pas étranger. En effet, Jeanne Bocquenet-Carle est l'auteur du dyptique Finisterrae, dont je n'ai eu que de bons échos. Donc certains d'entre vous la connaissent peut-être déjà. Pour ma part, je suis allée de découverte en découverte ! L'univers, la plume, les personnages, si rien ne semble nouveau dans ce récit, on ne peut lui retirer son efficacité, le caractère de ses personnages et l'écriture fluide de son auteur. Sans parler du cadre dans lequel Jeanne Bocquenet-Carle fait évoluer ses jeunes héros, entre histoire et mythologie bretonnes.
En effet, l'histoire débute à Rennes, où vivent Clémence et Nina. À la disparition de leurs parents, elles trouvent refuge au conservatoire pour éviter les bandes et les violences. Un repaire de courte durée : les vivres commencent à manquer, les ennuis à se rapprocher. Clémence a bien une idée, un lieu où elle pourrait mettre sa petite soeur en sécurité. Mais ce n'est pas tout proche, et bien des dangers seront encore à affronter. Sur leur route : d'autres bandes, d'autres problèmes. Et la forêt de Brocéliande !
Je crois que c'est cette particularité qui a fait pour moi toute l'originalité de Survivre ! Outre la force des personnages, leur charisme et l'efficacité du roman, son univers est particulièrement agréable. En plus de plonger le lecteur dans un monde sans adultes, il l'emmène aussi dans l'histoire de la Bretagne, de façon brève mais captivante. Un soupçon de légendes arthuriennes par ici, un peu d'histoire médiévale par là, c'est intéressant, presque dépaysant. Pendant un instant, ça nous fait même oublier le chaos qui règne autour de Clémence et Nina.
Heureusement, Clémence et Nina ne seront pas seules dans leur périple. Avant de quitter Rennes, elles font connaissance avec Mickey, à peine cinq ans, Adam et Vic, de l'âge de Clémence. Comme elles, ils ne font partie d'aucune bande, et refusent d'être des tueurs, de s'établir par la force. Une rencontre et des caractères, des forces, qui se complètent tout à fait. La confiance d'Adam va donner à Clémence l'occasion de s'affirmer, les connaissances de Vic serviront dans la forêt de Brocéliande. Quant aux deux petits, il naît très vite entre eux une complicité qui réchauffe le coeur.
Nul doute qu'il plaira aux plus jeunes - dès 13/14 ans -, Survivre, comme d'autres, revient sur le choix et le dépassement de soi. À l'aube d'un bouleversement, chacun peut choisir la route et les règles à suivre, découvrir qu'il n'y a pas qu'une seule solution. Tuer ou être tué ? Clémence, Adam, Vic, Nina et Mickey démontrent que l'on peut aussi choisir une autre voix, loin de la violence et des combats, des gangs et des pillages pour le pillage. Survivre, et rester humain.
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