Le travail que nous livre ici André Boulicault n'a rien d'une autobiographie bien lissée qui ne serait, in fine, qu'une « story telling » romancée. Il a pensé, en toute conscience, que le moment était venu de coucher sur le papier, pour sa famille, pour ses amis, voire pour un lectorat plus large quand le propos s'y prête, des moments de son histoire personnelle.
Les évènements, les instants parfois intimes, qu'il nous fait partager ne sont pas choisis au hasard. Ce sont des « éclats de vie » qui éclairent un parcours, celui d'un enseignant, d'un militant, d'un Homme surtout. Qu'il s'agisse de simples moments de bonheur ou des horreurs de la guerre, il nous les propose, modestement et avec générosité, dans l'espoir qu'ils témoignent et donnent à penser. André est donc un de ces précieux passeurs de mémoire qui contribue, comme il l'a toujours fait par d'autres voies, à éveiller notre vigilance face aux divagations du monde comme il va. « Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre », disait Marx. Pour ce faire, il faut accepter de se laisser transporter et prendre alors le temps de s'arrêter pour que résonnent en nous les échos d'un passé qui, à bien y regarder, a participé de notre construction, personnelle et collective. En nous invitant à considérer ce qui a compté pour lui tout au long d'une vie bien remplie, il nous laisse le soin de construire du sens, comme lui s'est obstiné à en trouver. Ce faisant, il fait oeuvre de mémoire, de transmission, encore et encore d'éducation.populaire. Car en parlant de lui et en renvoyant à des évènements dont le récit éclaire d'une manière particulière notre façon de faire société, il nous dit quelque chose de ce qu'est, plus qu'un « honnête homme », un citoyen.
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