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Nos gouvernements sont obnubilés par le travailler plus, le PIB, la croissance, la question de l'autorité. Et pourtant ces questions sont déjà dépassées. Car en effet ils sont restés sur la problématique des sociétés industrielles alors que nous entrons dans une nouvelle ère : la " société de la connaissance ".
C'est par l'immatériel que nos sociétés vont se développer économiquement et socialement. Non simplement par la connaissance de soi, qui n'est pas nouvelle, mais par une transformation générale de notre rapport au monde, à nous-même, aux autres et à notre environnement. Cette société de la connaissance, c'est d'abord la production de la personne, la production de soi, et l'assemblage de nos individualités sensibles et créatrices. Chaque personne est singulière, chaque créativité apporte à la société. L'économie n'est plus fondée sur le travail reproductif comme dans les sociétés industrielles, mais sur la capacité de chaque individu à réaliser et à se réaliser. Le savoir ne se transmet plus le long d'une ligne hiérarchique, mais doit être capable de créativité, d'imagination, de relations. La plus-value devient culturelle, immatérielle, alors qu'elle était exclusivement matérielle. De même, la connaissance n'est plus exclusivement scientifique (même si la science en est une des composantes importantes, notamment avec le développement des biotechnologies) mais elle est également émotionnelle, sensible, artistique. C'est la multiplicité qui fonde la société, et non l'ordre par le haut ou un savoir absolu.
Ce nouveau modèle de société va s'imposer. La priorité et l'urgence d'aujourd'hui sont donc de privilégier les investissements sur la santé, l'éducation et le bien-être, qui enrichissent les individus. Là exactement ou nos gouvernement serrent la ceinture. Ce nouveau modèle va s'imposer, car il correspond à une très forte demande sociale ; car il est le gage de la future production de richesses. Il est même voulu par les entreprises, qui, si elles revendiquent la diversité des compétences, ne savent pas encore la produire.
C'est donc une véritable révolution, qui va modifier nos relations à l'apprentissage, au travail et à la production, à l'imagination et l'expression, à la santé, la politique. Tous ces changements dans la lignée de la substitution progressive d'une société hiérarchisée à une société d'intelligence collective et horizontale.
Roger Sue analyse de manière remarquable cette mutation si peu évoquée dans son ensemble économique, politique, social. Il explique comment faciliter ce passage et évoque de nombreuses pistes intéressantes et novatrices : la nécessité d'un revenu minimum citoyen, le rôle essentiel des associations (formation, reliance aux autres...), une nouvelle forme de fiscalité et d'économie hors de l'alternative publique/privée, une nouvelle forme d'organisation du travail et de sa rémunération ou la création de services d'intérêt général indemnisé sur la base du volontariat, qui permettrait de dépasser le chômage et la précarité, et rendre notre démocratie plus participative... Bref, un nouveau type d'organisation socio-politique. Un livre essentiel donc, qui dessine ce que demain sera.
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