"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
«On trouvera dans ces pages à la fois des textes autrefois connus de toute personne ayant accompli des études secondaires (Heureux qui comme Ulysse... ou Comme on voit sur la branche...), d'autres qui n'ont été découverts qu'assez récemment (Sonnets de La Ceppède, Papillon, Mage, Sponde ou Vermeil), d'autres enfin dont on peut raisonnablement penser qu'ils n'ont eu pratiquement aucun lecteur depuis le moment de leur publication (les Sonnets jetés en avant-propos de Flammermont) ou de leur copie manuscrite (le Brouillas de quelques miens vers de Louis de Gallaup de Chasteuil). La supériorité des premiers sur les seconds et les derniers, encore implicitement admise aujourd'hui par l'école ou l'université, ne m'apparaît plus aussi évidente. Cette anthologie s'inscrit donc dans un mouvement, assez général quoique lent, de réévaluation critique de la poésie du passé. Le titre que j'ai choisi est emprunté à un vers de Guy Le Fèvre de La Boderie. Le Soleil du soleil est la divinité. Placer cette longue suite de sonnets sous ce titre implique un jugement esthétique global sur la première tradition du sonnet français : que sa contribution la plus originale et la plus accomplie à l'histoire de la forme (considérée comme forme poétique majeure) ne se situe pas dans la ligne de la poésie amoureuse d'origine plus ou moins directement pétrarquiste (même si les sonnets de L'Olive de Du Bellay, de L'Amoureux Repos de Des Autelz, de l'Hécatombe à Diane, de d'Aubigné, ceux de Jodelle, du capitaine Lasphrise ou d'Abraham de Vermeil n'ont pas à souffrir d'une comparaison avec leurs équivalents italiens, anglais, espagnols, néerlandais ou allemands) mais dans celle d'une inspiration religieuse (qu'elle soit catholique ou protestante), et singulièrement dans ce qu'on a désigné sous le nom de poésie de la méditation, représentée ici par Mage, Sponde ou La Ceppède mais aussi par La Boderie, Marin Le Saulx, Pierre Poupo, le président Favre, Nicolas Le Digne, Pierre de Croix, César de Nostredame, Flammermont ou Chasteuil (pour ne citer que les oeuvres les plus marquantes).» Jacques Roubaud.
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