"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Comme chaque année, ignorant toujours le vrai métier de son fils, Mary Solomon réclame une simple rose pour son anniversaire, mais pas n'importe laquelle : une de ces délicates roses blanches que son ami fleuriste vend désormais à la sauvette dans une proche station de métro.
Mère et fils arrivent ensemble sur place, mais tandis que le "pasteur" Soda négocie avec le vieux vendeur l'achat de tout son stock de roses, Mary a l'attention attirée par un personnage sombre, à la physionomie vaguement orientale, porteur d'un sac à dos.
Ce dernier a, par inadvertance, laissé tomber une enveloppe contenant une importante somme que Mary, s'éloignant de son fils pour trottiner dans la foule des navetteurs, tente de lui restituer. Mary est cardiaque, pas bien agile, mais au bout d'une ou deux minutes, elle parvient néanmoins à interpeler timidement l'inquiétant personnage. Dissimulant mal sa surprise, il s'empresse de s'éloigner avec l'enveloppe... avant de se raviser...
... pour glisser à l'oreille de la vieille dame : "Ces jours-ci, ne prenez surtout pas le métro !" Soda ne prend connaissance de l'anecdote que Mary lui confesse naïvement que dans une soirée. Il se lance alors avec 8 heures de retard sur la piste de Khalid Cheik.
Soda est une bande dessinée policière (et humoristique à ses moments) apparue en 1985 dans les pages magazines Spirou. Sur des scénarios de Philippe Tome, d’abord sous le crayon de Luc Warnant (jusqu’en 1989) puis de l’excellent Bruno Gazzotti, les enquêtes se sont suivies jusqu’au douzième tome, en 2005. La série semble définitivement bouclée pour la simple raison que Gazzotti s’est embarqué dans la passionnante série « Seuls ».
Aujourd’hui, voilà le grand retour de Solomon David (d’où le surnom de Soda) avec Dan Verlinden comme dessinateur qui respecte le cadre des albums précédents tout en parvenant insidieusement à imposer sa patte.
L’amorce des aventures de Soda est simple. « On m'appelle SODA, mais mon vrai nom, c'est Solomon. David Elliot Hanneth Solomon. Si elle savait, ma mère vous dirait sans doute que je suis policier, mais à New York, il n'y a pas de policiers, juste des flics. De toute façon, elle ne sait pas, ça l'inquièterait, elle m'a toujours cru pasteur… Depuis (...), elle habite avec moi ; elle ne sort jamais et ne lit pas les journaux qui sont pleins de violence. C'est pas plus mal : les types que j'arrête sont parfois un peu morts… »
Nous sommes pourtant plutôt sur une histoire policière que jouant sur les ressorts (essoufflés, à mon avis) de la double personnalité. Non, ce qui fait tout le poids de cet album est d’intégrer plusieurs éléments mythiques de Big Apple : les petits dealers, le métro aérien, les squats artistiques, les Twin Towers, le 11 septembre… et d’en faire un tout cohérent. Devenu plus « adulte », l’humour s’est fait bien plus noir qu’auparavant. Par contre, le rythme des péripéties de Soda est encore plus échevelé que dans les précédentes aventures. Si bien qu’une relecture est nécessaire pour pouvoir en apprécier toutes les subtilités.
Petite anecdote : j’ai bien ri quand, à la page 33, face au visage grimaçant de Jack Nicholson dans « Shining », j’ai trouvé une citation littérale du désormais tristement célèbre Christ de Borja restauré par une octogénaire. Mais ce n’est pas la seule bonne surprise de cet album, clos par un historique de la série, et cela augure beaucoup de bonnes choses pour la suite.
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