"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Cet ouvrage présente le regard porté par Patrick Zachmann sur ce pays depuis les années quatre-vingt à travers une dizaine de séries qui auscultent non l'actualité (Zachmann revendique le temps long) mais dont le fil rouge est la question de l'identité. Question qui traverse l'ensemble du travail de Patrick Zachmann et qui, en Chine, devient pour les nouvelles générations en perte de repères, un enjeu essentiel.
Après avoir découvert la Chine en 1982, à travers le prisme du cinéma chinois sur lequel il réalisait un reportage, Patrick Zachmann a entrepris, pendant huit ans, un travail personnel sur les Chinois dans le monde qui a aboutit à la publication de l'ouvrage W. ou l'oeil d'un Long-nez, en 1995 aux Editions Marval. En 2001, le photographe ressent le désir de s'immerger à nouveau dans ce pays en pleine mutation.
La Chine nouvelle a déjà été beaucoup photographiée, mais très vite il acquière la certitude que la compréhension de la Chine contemporaine ne peut se limiter à une photographie du présent et que sa connaissance du pays lui permettrait d'ouvrir de nouvelles perspectives. La première partie du livre, en noir et blanc, est à la fois documentaire - cette réalité a disparu - et romanesque car elle emprunte à l'imaginaire cinématographique et aux fantasmes de " long-nez " (d'Occidental) de Patrick Zachmann.
" Elle est en noir et blanc parce que j'essayais de retrouver - consciemment ou inconsciemment - les images du cinéma shanghaï en des années trente qui m'avaient marquées. " Images du sud de la Chine, de Hong Kong et de Taïwan qui, si elle ne fait pas partie de la Chine politiquement, entretient un lien très fort et incontournable avec elle. Mais aussi images de Tian' Anmen lors des événements de mai-juin 1989, et du terrible tremblement de terre qui endeuilla la province du Sichuan en 2008, trois mois après le séisme, une fois les projecteurs des médias braqués ailleurs.
A partir de 2001, la Chine de Patrick Zachmann est en couleur. Comme une transition, la série " Nuit de Chine " montre un pays qui est passé du costume Mao, uniforme et triste, aux couleurs vives, extravagantes et audacieuses. Le photographe choisit dès lors de montrer faux-semblants et envers du décor, il veut être le témoin de la complexité des formes qui bouleverse les identités individuelles et collectives de la Chine aujourd'hui.
Mais entre les images de façade qui caractérisent le pays - décors urbains, pouvoir des apparences, univers artificiel de la nuit - se glissent des existences dures et incertaines, comme celles de ces mingong, paysans et paysannes pauvres venus fuir la misère et chercher du travail dans les grandes villes. Véritables esclaves modernes qui construisent la Chine de demain, ils ne rentrent au village, qu'une fois par an, durant le nouvel an chinois, pour une dizaine de jours seulement.
Avec la série " Retour à Wenzhou " Zachmann montre les mutations profondes de l'espace urbain. Le mouvement d'immigration s'est presque inversé. Les candidats a l'exil se font plus rares et de nombreux Chinois reviennent vers la " Mère Patrie ", les chances de s'enrichir sont plus grandes aujourd'hui à Wenzhou que dans un atelier clandestin en France. Quant aux dernières images du livre, composées de portraits transgénerationnels, elles rendent visible le choc culturel à l'intérieur des familles dans un pays où l'histoire s'est accélérée à une vitesse vertigineuse.
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