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Beaucoup d'ouvrages s'occupent du FN. Mais très peu se centrent sur les votes et les votants FN. Il est pourtant urgent de les comprendre Avant de condamner les « votes FN », il vaut mieux en examiner la possibilité et les justifications. Il se pourrait même que ce soit une des manières les plus efficaces, de s'opposer à leur prolifération. Car contre le FN, on ne compte malheureusement plus les débauches d'énergies, les oppositions sans concession, les dénonciations, les rassemblements, les manifestations dans lesquels des trésors de bonne volonté militante se sont investis et, au vue des résultats électoraux obtenus... ensevelis et perdus. Cette débauche d'énergie semble ne jamais concerner ni atteindre individuellement ceux qui votent FN.
A présent, il est temps, grand temps même, de comprendre « d'où viennent ces votes FN » si l'on veut s'employer à contenir leurs progressions.
L'ouvrage s'appuiera sur des enquêtes de terrain, mais il sera aussi polémique : en rupture avec les idées-reçues sur le FN et en rupture avec l'ethnocentrisme militant ordinaire qui « pèsent sur nous comme un couvercle », et qui remplissent de réponses commodes en décourageant les investigations qui dérangent.
Cet ouvrage dira « non », autant de « non » - outillés des ressources de sciences sociales - qu'il faut pour que soit appréhendé « d'où viennent ces votes FN, tant de votes FN ? ».
1) Non, « le » vote FN n'existe pas Ce serait croire en la continuité « de substance » et transhistorique de « la même extrême droite », en la résurgence périodique de « la bête immonde ». Alors que nonobstant l'identité de la marque (FN), ont été sous ce label organisées (aux prix de luttes internes vives qu'il faut recomposer) des entreprises politiques très différentes dans leurs recrutements, leurs organisations, leurs professionnalisations, leurs managements, leurs hiérarchies, leurs mobilisations électorales...et conséquemment leurs « offres » programmatiques.
Ce serait croire que les électeurs qui font (en une configuration particulière du marché politique et de leurs trajectoires) usages des bulletins FN sont ensuite fidèles à la marque. C'est supposer une continuité trop forte des itinéraires de votes. Ce qu'il faut examiner. D'un scrutin à l'autre, ce ne sont jamais exactement les mêmes individus qui vont voter. En 2002, près d'un quart des électeurs ayant voté Le Pen au premier tour, n'ont pas voté identiquement au second. En 2007, la moitié des votants Le Pen de 2002 ne votent plus pareil et 40% des votants Le Pen n'avaient pas voté pour lui en 2002. Il faut désormais analyser si, sous l'effet d'une légitimité accrue de la marque, la stabilité des votants FN « nouvelle formule » s'en trouve consolidée ou pas ?
Ce serait croire en « un » vote FN, alors qu'il y a « des » votes FN. Ils sont irréductibles les uns aux autres, extrêmement différents, notamment quant aux positions et aux trajectoires sociales, aux représentations de sa position dans l'espace social, aux rapports à l'avenir, qu'ils expriment...
Plusieurs cas seront ici travaillés.
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