"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
A travers la chronique judiciaire d'un procès pour meurtre, il met à jour les évènements qui ont conduit aux Assises Leila et dix de ses amis Aînée de sept enfants dont six filles, Leïla Majoub, jeune française d'origine tunisienne habite avec ses parents la « Cité Sarranche », verrue immobilière d'une banale sous-préfecture de province. Parfaitement intégrée, elle est une élève studieuse, presque effacée, sans histoire... Un jour Leïla et deux de ses soeurs se font agresser dans la rue, un inconnu, Cyril Baldur, fait décamper les assaillants. Ce fils de famille séduisant s'avère une mauvaise rencontre et marque le début d'une descente aux enfers... A travers le parcours d'une jeune fille ordinaire, Jean-Marie Chazal décrit avec précision les mécanismes pervers de domination et les phénomènes de groupe. Il dissèque les failles qui conduisent des êtres ordinaires à exercer une violence sans borne quand ils sont mus par un irrépressible désir de vengeance. Un récit coup-de-poing à ne pas mettre en toutes les mains. EXTRAIT « Mais où est donc Céline ? » Dès la sortie de sa cellule Leïla Majoub s'était rendu compte de l'inhabituelle pesanteur du regard des gardiennes. Certes, la surveillante-chef ne proposait, elle, rien d'autre, rien de plus que la rigidité d'indifférence de sa fonction. Non, ce qui avait arrêté Leïla dans le coup d'oeil circulaire qu'elle venait de donner dans le couloir de la Division fut l'expression surprise chez Sophie, « sa » gardienne du lundi. Pire fut la constatation de l'effort manifeste de la matonne pour cacher une contenance s'apparentant au désarroi. Cette femme soupçonnée d'être en toute circonstance soucieuse de son image semblait jouer ce matin devant Leïla Majoub l'adulte charpentée de compréhension. Elle lui sourit mais presque trop discrètement, comme si elle ne voulait pas forcer la note et éveiller une curiosité supplémentaire en un moment déjà encombré. Ses tâches - rapide inspection de la cellule, fermeture de la porte, verrouillage - étaient aussi lentes et décomposées que d'habitude mais les gestes étaient saccadés, comme si ce rite quotidien nécessitait ce matin l'attention alors qu'il n'était ordinairement que machinal. Leïla sentit que Sophie, en fait, devait « jouer » pour elle-même, c'est-à-dire pour se protéger. Mais de quoi ?
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