"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Trouvée dans une boîte à livres, cette bande dessinée est une vraie petite pépite ! Je l’ai commencé ne sachant pas trop où j’allais mais elle m’a plongée dans la vie de ces personnage. Dès la première page j’ai été happée par le style d’Etienne Davodeau et je ne suis pas sortie indifférente de cette lecture !
« As-tu le temps d’apercevoir le fil de fer barbelé qui sépare ce pré de l’autoroute ? D’un côté s’invente une nouvelle approche de l’environnement, respectueuse, légère, et durable. De l’autre, c’est une infrastructure lourde et polluante qui s’impose en force au nom de la rentabilité à court terme. L’inconvénient de ce genre de barrière, c’est qu’il faut forcément se situer d’un côté ou de l’autre. S’assoir dessus, c’est se piquer le cul.»
Chaque fois qu’un grand chantier s’annonce, les dégâts collatéraux sont trop souvent traités par le mépris ou considérés comme négligeables. Dans "Rural !" Étienne Davodeau met en application, avec talent, ce qu’il explique en avant-propos : « Regarder, écouter. Raconter, dessiner. »
En Anjou, à 25 km au sud d’Angers, dans le Maine-et-Loire, sur la commune de Chanzeaux, l’auteur nous plonge sans temps mort dans le quotidien d’une ferme, en plein vêlage. La ferme du Kozon, produit, chaque jour, toute l’année, 800 litres de lait biologique, grâce à une soixantaine de vaches mais, il y a un gros MAIS… Tout près de là, un chantier vient de débuter, celui de la future A 87, une autoroute reliant Angers à La Roche-sur-Yon, via Cholet.
Pour mettre en place leur GAEC (Groupe agricole d’exploitation en commun), Jean-Claude, Étienne et Olivier ont regroupé deux fermes : La Percerie et l’Épinay, soit 120 hectares.
Tout en enquêtant, Étienne Davodeau nous fait vivre le travail de la ferme. Il rend aussi visite à Philippe et Catherine dont la maison va être sacrifiée. Depuis, les voitures passent à 130 km/h dans… la salle de bains de ce couple qui a dû quitter un lieu qu’ils avaient entièrement rénové et aménagé.
On en vient enfin aux implications politiques, aux intrigues permettant à l’autoroute d’éviter un vignoble prestigieux et intouchable… « Résultat : pour abîmer une vigne plutôt qu’une autre, un détour de 4 km, à plus de 40 millions de francs le km… Quatre ponts supplémentaires, un immense viaduc sur le Layon dont nous estimons le coût global à 600 millions de F… et un autre pour franchir l’Hyrôme, 200 millions de F ! », explique Georges Cesbron, agriculteur retraité, père d’Étienne et Olivier. Dossiers, manifestations, interventions, rien n’y fait.
Pendant que l’autoroute investit le paysage et modifie définitivement la vie quotidienne de ses riverains contraints et forcés, Étienne Davodeau vit encore un peu le quotidien de la ferme, décrivant toujours avec humour le travail de Jean-Claude, Étienne et Olivier : « L’aventure du GAEC du Kozon continue… »
Chronique illustrée à retrouver sur : https://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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