Archives Juives propose un dossier qui fera date. L'art juif est un thème rarement abordé. Peut-être est-il trop difficile de le définir, d'en préciser les contours, de donner des illustrations suffisamment convaincante. Sur ce point, les historiens de l'art ont manifesté une excessive et regrettable timidité. L'art juif: qu'il s'agisse de celui qui a pris naissance et racine en France ou bien à l'étranger, fait partie de l'art. Sans doute repose-t-il sur des caractères spécifiques. Il suscite parfois des controverses. Il réclame toujours qu'on le traite dans la clarté, sans complexes, avec toute la compétence nécessaire. C'est ce que font Dominique Jarrassé et les collaborateurs auxquels il a fait appel. Nous aurions manqué à notre devoir d 'historiens des Juifs de France, si nous avions esquivé ce thème ou si nous l'avions effleuré avec frivolité. Voilà bien l'un des traits principaux de la présence juive dans notre pays. J'éprouve, pourtant, un regret. Parler de l'art juif: c'est bien. En parler et le montrer, c'est mieux. Mais les reproductions en quadrichromie reviennent trop cher. Du coup, l'écrit ne suffit pas à rendre compte d'une richesse, d'une diversité incomparables.C'est pourquoi nous nous réjouissons tous que la sortie de ce numéro d'Archives Juives coïncide avec un événement d'importance. Le Musée d'art et d'histoire du Judaïsme ouvre ses portes dans les bâtiments prestigieux de l'Hôtel Saint-Aignan. L'État et la Ville de Paris assurent son financement. Ses collections embrassent des siècles d 'histoire, puisqu'elles évoquent les temps qui vont du Moyen Âge à notre époque. Historique, artistique, ethnologique, le musée rappelle avec force, s'il en était encore besoin, les liens qui unissent les Juifs et la France. Laurence Sigal en assure la direction. Nous lui souhaitons de réussir pleinement dans sa tâche. Elle peut compter sur notre concours.Nos lecteurs retrouveront aussi les mélanges et les diverses rubriques de notre revue. Cette formule permet d'insister sur un thème, sans abandonner tout à fait d'autres périodes et d'autres sujets. C'est dans cet esprit qu'Archives Juives continue. Les numéros suivants étudieront des thèmes nouveaux, comme, par exemple, l'histoire des Juifs de Tunisie. Nous en reparlerons le moment venu. La Commission française des archives juives, on le comprend, poursuit ses activités, souhaite faire connaître les domaines nouveaux de la recherche et s'efforce d'atteindre un public de plus en plus étendu. Nous comptons sur notre réseau de correspondants et sur nos amis pour faire mieux connaître la revue.ANDRÉ KASPI
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