"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Avant même de partir en Algérie, en mars 1960, pour y effectuer son service militaire, Marc Garanger a pleinement conscience de l'impact qu'il peut détenir par le seul usage de son appareil photo. À vingt-cinq ans, il photographie depuis ses quinze ans et en a fait une profession depuis deux. Il part de l'autre côté de la Méditerranée avec une culture politique déjà bien établie, acquise dans les milieux intellectuels du Lyon universitaire des années cinquante. Avec l'écrivain Roger Vailland, il a décortiqué les mécanismes de cette guerre coloniale qui ne voulait pas dire son nom. Une fois sur place, il s'est donc juré - à la guerre comme à la guerre - que lui et son oeil en seraient les témoins. Affecté en Kabylie dans un régiment d'infanterie, il laisse traîner sur un bureau quelques-unes de ses photos. Le stratagème fonctionne : le commandant demande à Garanger de devenir le « photographe du bataillon », une fonction improbable prévue dans aucun code militaire... Marc installe un labo de fortune sous un escalier et, pendant deux ans, va réaliser des dizaines de milliers d'images - sur ordre, et souvent hors de toute instruction. Pour témoigner. Pendant son unique permission, il traversera clandestinement la frontière suisse pour déposer ses photos sur le bureau de la rédaction de « L'Illustré ». Charles-Henri Favrod les publiera pour dénoncer ce qui se passait alors réellement en Algérie ! Après l'indépendance, Garanger obtiendra le prix Niepce. Ses albums sont devenus des « classiques » de la photographie sur la guerre d'Algérie. En août 2004, pour le cinquantenaire du déclenchement de l'insurrection algérienne, « Le Monde » lui propose de retourner dans la zone même où il avait séjourné et photographié, uniforme sur le dos, quarante-cinq ans auparavant. Objectif : réaliser un cahier photos spécial « passé-présent ». Et pour ce faire, retrouver les lieux et les personnes, combattants du FLN capturés et restés en vie ou petites gens qui résidaient au « bled », qu'il avait alors photographiés, pour montrer ce qu'ils étaient devenus, raconter leur parcours depuis lors. Son reportage, bouleversant, avec des textes d'accompagnement de Sylvain Cypel, sera publié le 28 octobre 2004, constituant le coeur du cahier spécial que le grand quotidien consacre à l'événement. Des photos, là encore, Marc Garanger en avait réalisées beaucoup plus que ce que « Le Monde » a publié. En collaboration avec le journaliste avec qui il avait alors collaboré, un ouvrage est en préparation chez Atlantica. Un travail qui veut, d'abord, oeuvrer à la réconciliation.
Il n'y a pas encore de discussion sur ce livre
Soyez le premier à en lancer une !
"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
L'auteur se glisse en reporter discret au sein de sa propre famille pour en dresser un portrait d'une humanité forte et fragile
Au Rwanda, l'itinéraire d'une femme entre rêve d'idéal et souvenirs destructeurs
Participez et tentez votre chance pour gagner des livres !