"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Pour tenir la promesse faite à un vieil oncle mourant de jeter ses cendres à l'embouchure du Rio Grande, le narrateur, bibliothécaire de son état, s'embarque sur un cargo.
Du Havre à Buenos Aires, la navigation dure près d'un mois. Alors il s'occupe comme il peut, s'essaie au sport, soliloque avec l'urne funéraire, se lie à des cuisiniers philippins, étudie les étoiles et tente surtout d'imaginer, à partir de quelques vieilles lettres d'amour et d'un unique télégramme, l'histoire secrète de son oncle et les raisons de ce dernier voyage en Argentine.
Lorsqu'il arrive à Buenos Aires, une surprise l'attend.
Si comme moi vous êtes sensibles au mal de mer, ne savez pas nager mais aimez quand même la mer, pas pour s'y baigner juste pour la voir, la sentir si possible sans la foule estivale, ce voyage à bord d'un porte-conteneurs est pour vous. Il faut bien reconnaître que c'est un voyage particulier, l'urne funéraire de l'Aviateur étant très présente. Bienvenue à bord de ce roman d'humeur et d'humour désenchantés, qui parle de choses sérieuses sans l'être vraiment : "J'ai appris à démarrer et à piloter le canot tous temps, en cas d'abandon du navire, et c'était presque aussi simple qu'une auto-tamponneuse. Je ne suis pas sûr d'avoir compris comment on le mettait à l'eau, ce qui fait que ça ne servait pas à grand chose. Je n'ai pas osé faire répéter. Les grandes tragédies naissent souvent d'une inhibition." (p.40). Daniel Fohr use d'un stratagème connu et efficace pour peu qu'il soit bien mené -ce qui est le cas- : écrire un paragraphe sérieux et le finir par une phrase en apparence anodine et qui donne le ton léger et drôle du livre. Publicitaire réputé et créateur de certains slogans marquants, il a le sens de la formule. Ses portraits ne sont pas mal non plus : "Un garçon d'une trentaine d'années est arrivé, en bermuda de surfer, des tongs aux pieds. Il portait un T-shirt à l'effigie d'un groupe de métal sur un torse surdéveloppé, mais le point le plus remarquable de sa physionomie était son incroyable neutralité expressive. Il avait deux yeux, un nez et une bouche, ni grands, ni petits, ni vicieux, ni tristes ni rien, des cheveux sans couleur définie, un visage flottant, neutre. A le regarder, on comprenait combien l'absence d'originalité est rare, et combien la banalité constitue une exception." (p.43/44)
Et le voyage continue. Vingt-quatre jours de mer, parfois un peu longs, mais c'est sans doute pour nous faire mieux ressentir la lenteur du navire et l'ennui de certaines journées. Le voyageur apprendra à connaître les marins pourtant assez farouches, peu diserts, à passer certaines épreuves, pourra se poser des questions importantes sur la vie, la sienne et celle de l'Aviateur auquel il s'adresse souvent. J'ai aimé voyager en sa compagnie, sur ce navire. J'ai aimé l'ambiance qui se dégage de ces pages, cet humour désenchanté, un peu décalé, la lenteur, l'absence d'action, ces deux derniers points qui obligent à lire à un rythme ralenti.
Belle découverte que je vous conseille fortement. Je vous souhaite déjà un bon voyage.
« Retour à Buenos Aires » de Daniel Fohr est un récit limpide, calme et profond. Tout en intériorité, les mots semblent donc les vagues qui révèlent le mystère initiatique dans son apogée la plus lumineuse. Cet olympien périple d’un pays à un autre en l’occurrence La France et l’Argentine est une passerelle où se côtoie l’être et l’avoir. Le lecteur, ombre du narrateur devient le veilleur de cette histoire de vie (es) où la puissance sentimentale déploie ses ailes, héroïne du mythe de l’albatros. Le narrateur est une personne loyale qui devient de lignes en lignes raffinées, plus forte, travaillant le chant du monde en horizon illimité. Il fera son devoir, tel le maître de destinées floutées par un amour foudroyé. Il apportera l’urne aux cendres métaphoriques dans cette Argentine de couleurs et de cartes retournées dans le sombre d’une histoire qui ne sera jamais. Le narrateur, protège l’urne comme si elle était le Graal devenue. Ce dernier lui parle et l’écho devient ce lever de rideau sur de l’art verbal. Le rythme est lent, hédoniste et grave. On sent l’empreinte du temps qui finit sa course à la fin de chaque phrase magnifiée. Ce récit puissant, mûr est une philosophique rencontre entre ce qui est, ce qui n’est plus et ce qui ne sera jamais. Tout est beau ici. Dans ce bleu de mer qui se confond avec le bleu lacté d’une rédemption qui s’avoue. Dans cette essence nourricière que l’auteur octroie au lecteur attentif. Cette histoire est une pause extraordinaire pour le lecteur. Ce dernier assiste à la renaissance de ce bibliothécaire qui tel le Phénix renaît de ses cendres. Mais lesquelles ?.... Ce roman est une échappée, une bousculade au ralenti, original il tient sa force dans cette mise en abîme des aléas des rencontres anéanties avant leurs apothéoses. L’amour avec un grand A, celui qui ne se nomme pas, résiste au temps et c’est de loin la clef du mystère que Daniel Fohr offre au lecteur. Subtil, particulier, fin, brillant ce roman publié par Les Editions Slatkine & Cie est en lice pour le Prix Hors Concours 2018 .
Un livre qui nous plonge dans la vie maritime lors d’une longue traversée…!
Je dois bien avouer que j’ai eu un peu de mal à rentrer dans ce livre, dans cette histoire.
A cela, plusieurs raisons : Il y a d’abord le style d’écriture qui a été un peu compliqué pour moi au début. Je trouvais que cela manquait de simplicité et de fluidité, du moins en comparaison avec ce que je lis habituellement.
Ensuite, il y a énormément de descriptions -beaucoup trop à mon goût-, notamment concernant ce bateau qui est décrit sous toutes ses coutures, dans les moindres détails… A maintes reprises…! Trop pour moi… J’ai eu du mal à adhérer à cela, à la vie à bord.
En revanche, j’ai appris beaucoup concernant la vie en mer et le quotidien des équipages. J’ai apprécié l’épisode du rite de passage de l’équateur.
Et le côté introspection du narrateur était assez intéressant et plutôt bien exploité.
Je regrette le manque d’actions et de rebondissements de ce roman… J’aurais aimé être tenue en haleine et ça n’a pas été le cas.
Ceci dit, j’ai plutôt apprécié l’humour discret et sous-jacent que l’on retrouve dans cet ouvrage. Ce bibliothécaire aura tout de même réussi à me faire sourire à quelques reprises.
Et j’ai également beaucoup aimé être plongée dans la lecture des lettres d’amour échangées entre l’aviateur et sa dulcinée.
Pour finir… J’aurais tellement aimé en apprendre davantage sur Buenos Aires…!
Mon avis reste mitigé, cela n’était vraisemblablement pas un roman fait pour moi. Dommage!
Embarquement immédiat pour Buenos Aires.
Oubliez l'avion, vous partez en porte-conteneurs.
Pour vous tenir compagnie, prenez l'urne funéraire du vieil oncle.
Pour l'animation, on vous propose un équipage de marins taiseux et pas très sociables.
Votre mission : répandre les cendres de l'oncle dans le Rio de la Plata en souvenir d'un amour de jeunesse.
Voilà le voyage que vous propose Daniel Fohr.
Au rythme du bateau et de la vie à bord, le narrateur, bibliothécaire de métier, traverse l'océan pour respecter les dernières volontés de l'oncle, dit l'Aviateur.
Des jours de traversée pour percer les secrets de l'histoire d'amour de l'Aviateur à partir de quelques lettres retrouvées.
Des jours aussi pour réfléchir sur soi.
Une histoire simple, une écriture limpide et en continu un humour sous-jacent.
Un agréable moment.
Le narrateur est bibliothécaire, son oncle (dit "L'Aviateur") vient de mourir et sa dernière volonté est que ses cendres soient dispersées dans le Rio de la Plata à Buenos Aires qui a une grande importance pour lui. Pour cela, il doit partir du Havre. Il embarque, alors, sur un cargo pour une traversée d'un mois. Le voyage sera tantôt mouvementé tantôt calme, il se rapprochera de certains passagers, mangera avec ses compagnons de traversée... avec l'urne de son oncle toujours à ses côtés. Grâce à des lettres d'Amour que l'Aviateur a écrit ou reçu de sa bien-aimée, il tente d'imaginer quelle histoire ces deux personnages ont pu entretenir. Et à son arrivée, une surprise l'attend...
C'est un roman tendre, l'auteur manie l'ironie avec grand sérieux d'où le ton pince-sans-rire de certains passages. Si vous cherchez un roman d'action, passez votre chemin. Pour les autres, vous trouverez dans ce livre une importance du destin, de l'imprévisibilité du cours de certains événements, une quête d'identité. C'est un roman sur l'amour et l'amitié aussi. Il est dommage de ne pas savoir grand chose sur ce narrateur mais ce n'est pas non plus l'élément principal de l'histoire. J'aime beaucoup le fait que l'auteur ait humanisé l'urne, le narrateur lui parle à de nombreuses reprises. Bref, c'est un joli voyage que l'on fait aux côtés de cet homme et où l'on découvre les secrets d'un autre...
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