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Né à Novossibirsk en 1941, Evgueni Kharitonov monte à Moscou faire des études de théâtre. Inquiété par le KGB pour son homosexualité, il est bientôt mis sous surveillance pour sa dissidence. En parallèle de ses activités dans les arts de la scène, il écrit des textes inclassables diffusés sous la forme de feuillets manuscrits ou dactylographiés dont certains paraissent dans des revues clandestines. Lorsqu'il meurt d'une crise cardiaque rue Pouchkine en 1981, il vient tout juste de rassembler son oeuvre pour transmission en Occident, par l'intermédiaire de Vassili Axionov, sous le titre "En résidence surveillée".
Inclassables, ces textes ne sont pas des « nouvelles » en ce qu'ils présentent aussi des traits caractéristiques de l'essai, des carnets ou du journal intime. Certains peuvent évoquer Kafka, Kosztolanyi ou CQapek en ce qu'ils évoquent un sentiment d'absurdité tragi-comique en même temps que la vie quotidienne en URSS. Le point de vue est cependant celui d'un homosexuel et d'un intellectuel, et la recherche stylistique de l'auteur aboutit parfois à une déconstruction de la prose classique (Aliocha Sérioja ; Un enfant viable ; L'un en est, l'autre est autre ; Un résident écrivit au service du logement ; A., R., Moi ; L'achat du spirographe). Ailleurs, d'autres formes d'écriture prennent le dessus : autobiographiques, avec une dimension argumentative ; ou poétiques voire théâtrales, avec des jeux de mots, des ruptures de ton et des changements de typographie dans la lignée du futurisme russe (Un Russe qui ne boit pas ; Histoire d'un jeune garçon : « Comment je suis venu à en être » ; Larmes sur les fleurs ; Tract ; Froidement, au sens des hautes sphères ; Les écrivains impubliables ; Larmes sur un mort étranglé).
Deux textes sont particulièrement importants : Tract, « antimanifeste » gay en URSS, où Kharitonov dresse un parallèle avec la question juive, et Larmes sur un mort étranglé, saisissant testament littéraire en même temps qu'hommage à un ami assassiné dans un guet-apens homophobe.
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