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Toute poésie est toujours suspecte de passer continuellement à côté de la vie. Écrire un poème, c'est comme chercher à saisir un moment dans ce qu'il a de vivant pour n'en exprimer que ce qu'il a de mort : le moment tel qu'il s'est passé, vu de l'extérieur, et non tel qu'il a été vécu dans la chair indicible. Qui préfèrera un poème d'amour à être amoureux ?
Les poèmes qui suivent ne cherchent pourtant pas à capturer le vivant pour le disséquer sur papier comme tant d'autres : ils sont en eux-mêmes vivants. Ils ne relatent aucun moment vécu, car ils sont en eux-mêmes un moment à vivre, où le poète ne parlant pas du corps en général, mais de sa chair, mobilise celle du lecteur.
Chaque poème est accompagné d'un dessin dichrome. Nous disons bien accompagné, car ces derniers ne viennent pas seulement illustrer les écrits comme un simple écho visuel à la parole : ils les prolongent, les éclairent de leur lumière noire et envoûtante. Commence ainsi un dialogue, un va-et-vient entre le trait blanc qui esquisse les corps et le trait noir qui pose les mots.
À l'image de ces poèmes, les illustrations exhalent un imaginaire nocturne où la nuit est transfigurée d'une lumière sensuelle, cette même lumière ambivalente qui éclaire les rêves. Si cette atmosphère onirique peut en effet prendre la forme d'un symbolisme foisonnant qui illumine chaque corps d'une aura, elle peut aussi conférer aux êtres une inquiétante étrangeté comme ces figures sans visage qui hantent les ténèbres. À cette dualité de la nuit s'ajoute l'exploration de différentes spatialités. Certaines scènes expriment l'intimité du corps, ses plaisirs et ses tourments, ses chairs qui s'enlacent et celles qui se noient. D'autres, à l'inverse, célèbrent les ailleurs, les orients pittoresques, les mythologies exotiques. Le dessin ici encore accompagne les poèmes jusque dans les lieux évoqués en leur donnant vie.
Cette oscillation entre l'intime et l'ailleurs, entre la nuit mystique qui donne aux corps l'éclat du désir et la nuit sourde qui engloutit les fantasmes, épouse parfaitement les ambivalences des poèmes. Sortant de la chair de l'auteur, ces derniers sont comme lui traversés
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