« Au départ, c'est bien de cette radio que je veux faire l'histoire, parce qu'elle s'inscrit à un point de basculement économique (le démantèlement de la sidérurgie), social (le début du déclin du mouvement ouvrier) et politique (à la veille de l'alternance de 1981), à la convergence de crises multiples, et qu'elle est peut-être, pour ces raisons, à même de livrer des clés pour analyser en historien la période qui a suivi. Mais la découverte des sources modifie la perspective. Lorsque j'apprends leur existence, elles sont encore en cours d'inventaire. La CGT a déposé aux Archives de Seine-Saint-Denis les centaines d'enregistrements d'émissions sur cassette, que deux archivistes ont été chargés de transférer sur des CD (...) Ces sources ont une valeur inestimable : elles permettent une histoire par en bas. » Le 17 mars 1979, Radio Lorraine Coeur d'Acier, « radio de lutte » de la CGT, émet pour la première fois sur les ondes, en toute illégalité mais au vu et au su de tout le monde, depuis un studio installé dans l'ancien hôtel de ville de Longwy, à l'aide d'une antenne fixée sur le toit de l'église. Quinze mois durant, jusqu'à ce que la CGT décide de mettre un terme brutal à l'expérience, s'y côtoient syndicalistes, ouvriers sidérurgistes, pour partie immigrés, femmes de salariés, commerçants, membres des classes moyennes intellectuelles, journalistes ou artistes venus de Paris. Une aventure et des voix dont cet ouvrage nous invite à découvrir l'histoire.
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