Dans ce recueil de 13 nouvelles, la jeune autrice mexicaine frappe fort mais juste
« John Muir - Planète Terre è Univers » Tels sont les mots inscrits sur la face intérieure de la
couverture du carnet de route dont est issu ce volume. Ils reflètent l'état d'esprit dans lequel son
auteur entreprit sa marche de quinze cents kilomètres en direction du golfe du Mexique, via le
Kentucky, en 1867. Il s'agit là, de loin, de la plus longue excursion botanique que John Muir ait
faite au cours de sa jeunesse. Sa pérégrination a lieu dans une Amérique sauvage dans les deux
acceptions du terme : des pans immenses de territoire sont intouchés par l'homme dans le même
temps où les soubresauts de l'histoire - la guerre de Sécession vient de s'achever - rend les routes
incertaines. Les conditions sont donc rudes, les rencontres aléatoires, mais le naturaliste reste
ferme sur ses jambes, et prend les étoiles pour couverture. Mi-naturaliste (il note, classe, repère
les espèces endémiques), mi-prophète, toujours en extase devant la « wilderness », son amour de
la nature est une véritable religion et ses rares incursions dans les villes (il n'entrera même pas
dans New York lors d'un transit entre la Floride et Cuba) sont purement fonctionnelles.
« Souvent, il me fallait coucher dehors sans couverture, mais aussi sans souper ni déjeuner.
Pourtant, je n'avais d'ordinaire guère de difficulté à trouver une miche de pain dans les clairières
largement espacées les unes des autres où étaient installés les fermiers. Muni de l'un de ces gros
pains de la forêt, j'étais capable de vagabonder durant des kilomètres au sein de la nature
sauvage, libre comme les vents dans les bois radieux. »
Frédéric Badé, l'éditeur de l'édition originale parue en 1913, aux États-Unis, a utilisé trois
sources pour préparer le volume : le journal original, une copie dactylographiée qui n'est que
légèrement révisée et deux récits distincts de ses aventures à Savannah, où, pendant une
semaine, dans l'attente improbable d'un mandat, il campa, sans un penny, dans le cimetière
Bonaventure.
Ce livre fait suite, de façon chronologique aux Souvenirs d'enfance et de jeunesse (Corti,
2004) qui se terminaient sur son arrivée à San Francisco. Si l'écriture du premier est fatalement
plus élaborée, puisque pensée a posteriori, ce récit sur le vif passionnera non seulement les
pérégrins nostalgiques d'une terre sauvage, mais aussi les amateurs de la vie et de l'oeuvre du
Thoreau de l'Ouest, dont le nom, vénéré aux Etats-Unis, commence doucement à s'imposer de ce
côté de l'Atlantique.
(...) À l'heure où les forêts disparaissent, où la vie sauvage menace de n'être bientôt plus
qu'un souvenir, il faut lire John Muir, et en tirer des leçons : jamais ce grand écrivain naturaliste
n'a été aussi actuel.
Christophe Mercier, Le Figaro, 2 septembre 2004
Muir, c'est le héros des écologistes américains ; les Parc Nationaux, c'est lui, et sans lui, les
séquoias géants de Yosemite Park auraient été débités en allumettes par les cyniques héros de la
libre entreprise. Lisez tous les détails.
Michel Polac, Charlie Hebdo, Les Colosses américains.
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