"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Le choix de ces poèmes a été fait par Octavio Paz lui-même pour La Délirante. « Ecrits il y a près d'un demi-siècle », proteste-il dans sa préface, « ce sont les traces confuses d'un jeune homme qui en cherchant la poésie se cherchait lui-même. » Mais on sent déjà, en même temps que les ombres tutélaires de Soeur Juana Inés de la Cruz et de Rubén Darío, auxquels il consacrerait deux essais par la suite, le ton inimitable, d'une page à l'autre, de cette voix qui coule puissamment de source dans le Spacieux ciel d'été qui clôt le recueil :
Soudain arrive le mot amande.
Mes pensées glissent comme de l'eau.
Moi immobile je les vois s'éloigner entre les peupliers.
Face à la nuit identique un autre que je ne connais pas.
Les pense aussi et les voit se perdre.
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