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« Enfin ! C'est par là qu'il aurait fallu commencer ! » - En effet, les explications précises, que ces pages tâchent d'apporter, eussent prévenu bien des objections, et rendu plus acceptable une théorie strophique, qui n'est souvent dédaignée ou repoussée a priori que faute d'être bien comprise.
D'autre part, il y a grand avantage à profiter aujourd'hui des critiques et des remarques, venues de divers côtés, à propos de l'application de cette théorie aux Psaumes et aux écrits des Prophètes. Le long chapitre X de l'Introduction a pour but de répondre à ces difficultés, qui portent, heureusement, sur des points accessoires.
Jusqu'ici, semble-t-il, la théorie strophique de Zenner, attaquée dans de légères escarmouches, n'a pas reçu de blessure grave. Il est rassurant de la savoir admise par un exégète comme M. Desnoyers, l'auteur très regretté de l'Histoire du Peuple Hébreu, par un hébraïsant de la valeur du P. J. Neyrand (pour la seconde partie d'Isaie), par un linguiste aux méthodes strictement scientifiques, tel que le P. Mariès ; de voir l'application que M. Pérennès en a faite aux Psaumes ; de' surprendre les aveux du P. Calès au sujet du psaume ; de constater le revirement d'un critique qui fit d'abord assez mauvais accueil à ce « système », et qui, plus tard, dans sa traduction d'Isaïe, 40-55, adopta la division des poèmes et des strophes établie suivant cette théorie.
Deux parties dans le présent ouvrage.
La première est réservée aux poèmes dont le texte est en bon ordre. Nulle transposition à faire pour un vers entier : on ne pourra pas dire que le texte est bouleversé pour les besoins de la strophique, ou arrangé, reconstitué.
Une réfutation solide se chargerait de montrer que les divisions en strophes ne répondent pas aux divers développements de la pensée, ou que, faites suivant le sens, elles ne donnent pas des groupes de vers de dimension égale, et que les mots répétés, malgré leur parallélisme ou leur symétrie à la place qu'ils occupent, ne signifient rien, dans l'intention du poète, pour souligner la structure des strophes ; enfin, que tout cet ensemble de caractéristiques, constaté dix fois, cent fois, est un jeu de coïncidences fortuites.
Serait-il équitable de négliger les applications plausibles de la théorie strophique, et de la juger d'après les difficultés présentées par un texte défectueux ? Est-ce que, pour apprécier les proportions harmonieuses d'un édifice, on se contente d'examiner les brèches d'un pan de mur ?
La seconde partie contient un certain nombre de poèmes, qui réjouiront les adversaires de la théorie strophique de Zenner, s'ils ne sont pas convaincus par la première partie, et s'ils pensent, contre l'opinion commune, que le texte hébreu a toujours été transcrit dans un ordre parfait. Mais si l'on n'admet pas l'impeccabilité des anciens copistes, il convient de discuter les cas particuliers où leur exactitude est prise en défaut. « Toute transposition doit être justifiée par des raisons solides. Elle paraît l'être lorsqu'elle rétablit à la fois la suite du sens à l'endroit d'où le passage est enlevé et à l'endroit où il est mis, et que, du même coup, elle donne de part et d'autre des strophes, symétriques par le nombre de vers et les répétitions de mots. Ces multiples combinaisons n'étant pas l'effet du hasard, c'est donc que l'ordre primitif est retrouvé. » (Le Livre d'Isaïe, 1905, Préface, p. XII.) Si, par ailleurs, telle transposition est admise par tel exégète de mérite, pour des raisons purement critiques, sans souci de Zenner et de ses lois, n'est-ce pas une confirmation de la théorie dont l'application a puissamment aidé à découvrir, sur le même point, le mal et le remède, l'ordre troublé et la façon de le rétablir ?
Il a semblé utile d'offrir, en appendice, quelques exemples des strophes babyloniennes et assyriennes, au risque de paraitre, non plus « occidentaliser », mais peut-être mésopotamiser la poésie hébraïque.
On verra tout de suite que l'auteur a limité son travail à l'analyse de quelques poèmes - d'autres pourront suivre - pour ajouter des exemples typiques à ceux du Livre d'Isaïe et du Livre de Jérémie, et qu'il n'a pas la moindre ambition d'écrire un traité de métrique ou de rythmique, ni l'audace de pénétrer, barbare et profane, dans le domaine sacré de la musique.
Une fois de plus, j'exprime ma vive reconnaissance au P. Louis Mariès, qui m'a aidé de ses conseils. Ce recueil lui doit la remarquable analyse et la division du beau poème de Michée, 6-7.
Je remercie bien mon collègue, le P. Marcel Lobignac, de m'avoir secondé dans le pénible travail de la correction des épreuves.
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