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Face au désintérêt dont souffre aujourd'hui la peinture, l'histoire de l'art semble désemparée, désarmée. En des circonstances de ce genre, le remède consiste à revenir à l'essentiel, c'est-à-dire au commencement - et en peinture, tout commence par la confrontation d'une figure et d'un fond. En reprenant les choses à partir de ce face-à-face, l'auteur s'est engagé sur un chemin nouveau : celui qui s'ouvre lorsqu'on interroge le fond, jusqu'ici négligé par les historiens prioritairement, quand ce n'est exclusivement, concernés par le traitement des figures.
Cette approche bouleverse à la fois notre façon de regarder la peinture et la manière de classer et d'évaluer les peintres, d'ordinaire en fonction de critères stylistiques et historiques routiniers. En s'efforçant de définir concrètement la nature et le comportement du fond, l'auteur met en évidence trois modalités de l'espace pictural. Seules deux d'entre elles ont été retenues par l'histoire de l'art traditionnelle : (1) le " fond plan ", également dit " décoratif ", en raison de l'usage qui en a été fait généralement, ou " abstrait ", parce que l'art moderne se l'est approprié ; (2) le " fond perspectif ", parce que, grâce à la perspective, le peintre y construit une profondeur simulée. A ces deux-là s'ajoute une troisième catégorie d'espace, rarement perçue par les commentateurs : le " fond perdu " (ou " fond sans fond ") qui se creuse, en certains cas, dans le fond plat, lui permettant d'accueillir la dimension de l'infini.
C'est au " fond perdu " abyssal que l'auteur consacre une grande partie de son travail, parce qu'il est, de tous les espaces qui accueillent les figures, le seul qui permette aux images d'inspirer au spectateur le sentiment de l'infini. Il relève les apparitions de cet espace abyssal au fil des siècles, depuis la Rome paléochrétienne et Byzance jusqu'à Manet, Giacometti, Malevitch, Matisse, Dubuffet et Warhol (pour n'en citer que quelques uns). Se dégage ainsi une généalogie des artistes de l'infini qui s'ordonne peu à peu en une histoire plus secrète au sein de l'histoire conventionnelle, une histoire en deux temps qui s'éclaire à la lumière de deux passages du livre de la Genèse (Ancien Testament) : dans le premier, le rapport figure/fond reflète le rapport de la créature à Dieu, et va du IIIe siècle jusqu'à la fin du XIXe siècle ; le second qui voit l'artiste créer à la place de Dieu, s'épanouit et s'achève au XXe siècle. Sans cesser un instant d'être une étude de l'art, cette Petite histoire de l'infini en peinture débouche ainsi sur une réflexion sur l'histoire des civilisations et sur une méditation esthétique.
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