"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Au travers d'un ensemble de propositions artistiques et d'une conversation fictive, cette publication explore les manières dont les identités individuelles et collectives se manifestent et se reconfigurent à l'heure du numérique et de la crise sanitaire.
« Cette publication fait suite à l'exposition collective Persona Everyware qui s'est tenue en 2020 au centre d'art Le Lait à Albi. Inaugurée le 7 février, elle a été interrompue mi-mars en raison du confinement lié à la crise du coronavirus, puis rouverte début juin et prolongée jusqu'au 20 septembre. Son titre évoque le masque du théâtre antique et de la psychologie analytique à l'aune des réseaux sociaux comme autant de nouvelles scènes et communautés connectées. Lors de sa conception, nous étions loin d'imaginer que l'actualité en amplifierait certains aspects, à l'instar de la façon dont les technologies numériques ont profondément reconfiguré notre rapport à soi et à l'autre, nos modes de communication et d'existence individuels et collectifs, notre appréhension des informations, de même que leur circulation et leur utilisation - voire leur manipulation.
Nous étions loin d'imaginer qu'un nouveau masque, progressivement imposé à tou.te.s au même titre que d'autres "gestes barrières", allait transformer le paysage de nos visages et "défigurer" l'espace public où jouent et interagissent quotidiennement corps et identités. Déjà à l'oeuvre, distanciation physique et télécommunication se substituaient alors à la présence et au contact, bouleversant nos manières d'être, ici et là, les un.e.s avec (et aussi sans) les autres.
De même que l'exposition, peuplée de portraits, visait à conférer corporéité et sensualité aux données et affects sans cesse échangés via Internet, cette publication aspire à voyager entre vos mains et respirer sous vos doigts. Composée d'interventions spécifiques des artistes en résonance plus ou moins directe avec les oeuvres exposées et d'une "mascarade" sous la forme d'un chat fictif, elle envisage moins de documenter l'exposition que d'en proposer une nouvelle (in)carnation. » Raphaël Brunel, Antoine Marchand et Anne-Lou Vicente Attentifs à la place qu'occupent dans la vie contemporaine les technologies numériques, le développement de l'intelligence artificielle et le recours aux réseaux sociaux, nombre d'artistes sondent les enjeux de ces nouveaux outils et pratiques de communication.
En multipliant les appareils connectés à notre disposition, l'informatique ubiquitaire, ou everyware (contraction de everywhere et hard/software) pour reprendre la formule d'Adam Greenfield, a facilité pour chacun l'accès à l'information partout et en continu. Elle a également participé à accélérer l'émission et la diffusion de textes, d'images ou de vidéos à caractère plus ou moins personnel. Elle permet d'exprimer une opinion, d'échanger, de critiquer mais aussi, d'une certaine manière, d'« imprimer » les mouvements de la société. La masse de données échangées chaque jour dessine ainsi un environnement médiatique et « infosphérique », dont l'intensité affecte et reconfigure sans cesse nos réalités et nos identités.
Les artistes de l'exposition Persona Everyware s'emparent ou manipulent cet amas de données et d'affects, travaillent avec (et parfois contre), tentent de les rendre (in)visibles, de redonner une voix ou une présence physique à des contenus trop souvent considérés comme immatériels. Il s'agit pour eux de mettre en perspective le potentiel esthétique, poétique ou performatif de nos interactions quotidiennes.
En abordant Internet, et en particulier les réseaux sociaux, autant comme le lieu d'une expression subjective ou d'une écriture de soi que comme un espace public et une scène de théâtre, ils interrogent les rapports que l'individu entretient avec sa propre image et la société. Se dessinent alors les relations subtiles entre un « je » et un « nous » qui ne cessent de se reconfigurer l'un par rapport à l'autre.
De ce theatrum mundi tout en flux et jalonné d'écrans, surgissent ici et là les visages masqués de quelques persona, à travers lesquels se croisent et s'hybrident l'intime et le collectif, le privé et le public, le réel et la fiction, le sensible et la technologie.
Publié suite à l'exposition éponyme au centre d'art Le lait, Albi, en 2020.
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