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Le propos de l'auteur a été de montrer comment un tempérament d'homme d'État peut informer une politique. Si la politique de Périclès est impérialiste et même dictatoriale, sa personnalité d'ami des philosophes, sa réserve, son style le situent bien loin de l'image que nous avons aujourd'hui d'un dictateur. Il met des dons d'aristocrate au service de ce que nous appellerions une politique des masses. Ou plutôt, il rêve de faire d'Athènes entière une aristocratie. L'auteur a mis en oeuvre, pour tenter cette restitution, moins les dires souvent partiaux ou conventionnels des historiens anciens que les réalités concrètes et connues de la vie hellénique. Périclès apportait à la démocratie athénienne une idée nouvelle : la richesse conçue indépendamment de la propriété foncière et résultant du travail humain ; en conséquence, il rompt avec la thésaurisation à l'orientale et mobilise l'argent. Le résultat est le Parthénon, qui du reste n'entama point le mépris des Grecs pour le travail manuel et salarié. Pour que le système pût durer, il aurait fallu, ou bien vivre en paix avec Sparte, ou bien traiter les cités de la Ligue en alliés et non en peuples soumis. Périclès ne s'y résolut point. Ce philosophe pratiqua un dur impérialisme qui fit haïr Athènes et rendit éphémère leur grandeur politique à tous deux. Sa destinée de fils de grande famille lui imposa le métier seigneurial : le gouvernement et la guerre. Son amitié pour Phidias, pour Anaxagore, pour Protagoras, 'on amour profond, exclusif, pour Aspasie, ont paru au peuple des faiblesses indignes d'un chef. Nous lui reprocherions tout autre chose : de s'être aveuglé volontairement sur la précarité de son oeuvre politique. Fut durable, au contraire, tout ce qu'il fit en suivant son sentiment instinctif des valeurs humaines, par exemple ce Parthénon construit au delà du bien et du mal, avec l'argent que les Alliés, durement contraints, versaient malgré eux pour l'entretien de la flotte. Les philosophes, séduits par l'exceptionnelle beauté de son tempérament, ont tout accepté de Périclès avec admiration, même la folie qu'il commit en s'engageant dans la guerre du Péloponnèse. On a essayé de réagir ici contre ce que Beloch appelle la Pericles-Theologie et de montrer l'homme tel qu'il fut : timide, prudent, habile à se replier, incapable de renoncer, secrètement dépouillé et invulnérable : un humaniste de génie dont le sort fit un général.
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