"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
" Une part de moi ne va pas bien / celle appelée le frère celui qui est sur un lit d'hôpital avec à la tête / un pansement une bête noire dessous ".
Ce frère, en proie aux affres d'une maladie dont le nom n'est pas dit mais dont on se doute bien qu'elle mord, creuse et mange la vie, c'est Nono qui déjà ne parle plus ou si peu, qui ne voit plus et qui se prépare à quitter l'ici-bas pour ailleurs. Cela, famille et proches unis, atterrés, démunis, pris dans cet échange du peu de mots qui précède le silence et l'acceptation, ne peuvent l'empêcher. Ils n'ont que leur présence à donner pour tenter d'équilibrer le balancier d'un destin qui veut que l'un sombre trop jeune tandis que les autres doivent poursuivre sans lui.
Cette absence, impossible à combler, Thierry Le Pennec l'écrit avec force et efficacité. Ses poèmes brefs, roulant pierre à pierre et portant avec eux tant de gestes simples, de réflexes, d'émoi, de chaleur sur la page, s'assemblent pour créer, au final, le plus beau tombeau qui soit : celui dédié à Nono, ce frère disparu qui restera présent aux autres tant que ceux-ci le seront à eux-mêmes.
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