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La déclaration de guerre fut connue à Nancy le 4 août et provoqua un enthousiasme indescriptible. L'exaltation populaire était à son comble devant le passage incessant des corps de cavalerie, d'artillerie ou d'infanterie qui se rendaient à leur poste de combat, les habitants formant une haie d'honneur pour les acclamer. Le maire fut contraint d'inviter ses concitoyens à renoncer au plaisir d'offrir des fruits et des boissons aux soldats, leur abus risquant de les rendre malades. Les autorités administratives se préoccupèrent très rapidement de réorganiser la vie économique brusquement interrompue par la mobilisation et une garde civile fut constituée le temps que le commissaire central reconstitue les services de la police. Quelques jours plus tard, Nancy était environnée d'un cercle de feu. Les Allemands se rapprochaient de la ville qu'ils comptaient envahir par le nord. Les 7 et 8 septembre se déroula la bataille dite de Champenoux qui devait sauver Nancy de l'invasion. Durant quarante-huit heures mortelles, la ville vécut dans l'épouvante et en l'absence de nouvelles, les bruits les plus insensés circulaient. Puis quand la préfecture afficha une dépêche annonçant que les Allemands avaient été repoussés par les armées de Joffre, l'enthousiasme succéda à l'abattement. La municipalité put alors poursuivre son programme qui consistait à faire reprendre autant que possible à la ville son existence normale. Les difficultés qu'elle avait à surmonter étaient nombreuses. Elle devait engager de volumineuses correspondances avec les ministères et avec les divers échelons de l'autorité militaire que l'état de siège avait rendue omnisciente. Avec l'institution des restrictions au cours de l'année 1917, un monde de formalités apparut. Nancy était une ville d'extrême frontière très proche du feu et sa population, encore nombreuse, s'était accrue par le passage des réfugiés et des soldats permissionnaires. L'établissement et la distribution de toutes les variétés de cartes restrictives exigèrent une énorme manipulation, des écritures multiples et nécessita, par voie de conséquence, un personnel nombreux. La municipalité prit également une part prépondérante dans la création, l'organisation et le fonctionnement des oeuvres de secours et de solidarité. Il fut convenu que l'Autorité militaire la préviendrait des excursions d'avions français en territoire allemand. Les directeurs d'école entraînèrent les enfants à se diriger en ordre dans les caves aménagées quand retentirait la sonnerie spéciale conçue pour les avertir.
Fac-Similé de l'édition parue à l'origine en 1920
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