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Plus de vingt ans séparent la marche sur Rome (1922) de la chute de Mussolini (1943), au cours desquels les instances politiques et culturelles de l'Italie sont refondées. Dans le domaine musical, les conséquences du fascisme s'avèrent décisives : ambivalent à l'égard de la modernité européenne, désireux d'exalter la nation et ses mythes, le régime suscite d'abord l'intérêt de compositeurs en quête d'unité et de récit national.
Aviateurs et tyrans de la Rome antique hantent alors les scènes d'opéra, tandis que musiques de film et chansons se font l'écho des conquêtes coloniales. Ni les musiques savantes ni les genres populaires ne sont étrangers au fascisme : sans imposer de canons esthétiques, le régime accompagne la réforme des conservatoires et subventionne des événements majeurs tels la Biennale de Venise ou le Mai musical florentin.
Si l'attitude des musiciens est dominée par une profonde ambiguïté liée aux contraintes imposées par l'Etat, pour la jeune génération, néanmoins, celle de Dallapiccola et de Petrassi, l'adoption des lois antisémites constitue une rupture existentielle dont des oeuvres telles que Le Prisonnier portent trace. Entre analyse de trajectoires individuelles, mise en perspective de genres musicaux, focus sur des oeuvres emblématiques, le présent ouvrage évoque une nation fascinée puis déchirée par le totalitarisme mussolinien.
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