"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dorothy se languit. D'action, d'amour, d'enfants. Jusqu'à ce qu'une gigantesque créature débarque chez elle. Une créature qui dit s'appeler Larry et avoir besoin d'aide. Une créature qui va bouleverser son existence...
Parue en 1982 aux États-Unis et encore inédite en français, une fable saisissante d'imagination, comparée par les critiques aussi bien à King Kong, à La Belle et la Bête, au Magicien d'Oz, qu'aux récits d'Edgar Allan Poe, aux contes de fées d'Angela Carter ou encore aux oeuvres hallucinées de David Lynch. Inspirée par la deuxième vague féministe, Rachel Ingalls brosse le portrait d'une jeune femme qui se libère d'un quotidien monotone et castrateur, se découvre, émotionnellement, sexuellement, et existe enfin.
Une pépite Vintage à redécouvrir au plus vite !
On a accusé Guillermo Del Toro de plagiat (Jeunet, Zindel) à la sortie de son très beau film « La forme de l’eau ». Mais jamais il n’a été mentionné, à ma connaissance, le roman de Rachel Ingalls paru 35 ans plus tôt. Les ressemblances sont pourtant troublantes. Mrs Caliban, l’héroïne, est une femme désœuvrée que son mari cocufie pendant qu’elle trompe son ennui chez sa meilleure amie, entre tartines et potins. Un jour, elle retrouve dans son salon une bête de deux mètres à morphologie humaine, si on fait abstraction de ses traits amphibiens. Elle a une liaison clandestine avec l’animal, l’emmène souvent à la mer, reprend goût à l’existence et je ne vous dévoilerai pas la suite (tout comme le pourquoi des avocats). Je n’adhère pas aux films fantastiques avec des monstres (ex : Star Wars). Parce que je n’accorde aucune crédibilité aux extra-terrestres et autres créatures fantasmées. Je peine à me laisser emporter. Il me faut de l’humain. Elephant Man est un homme. Les monstres du cirque de Freaks sont des hommes. Les androïdes de Blade Runner réclament le droit à devenir des hommes. Et si, à la rigueur, j’ai pu être intéressée par La planète des singes, E.T. ou Alien, c’est parce que les bêtes pensent et agissent comme des êtres humains. C’est le cas dans ce roman. Le monstre est intelligent, sensible, capable de sentiments. Il incarne l’étranger qui ouvre une porte sur un monde nouveau, sauve d’un quotidien devenu morne et mortifère. Je reste mitigée. Côté satisfaction, il y a la qualité de la narration. Ingalls évite les écueils du genre jusque dans son final, si différent des clichés auxquels nous sommes habitués. Côté déception, il y a l’impression de lire une romance de la collection Harlequin croisée avec un vieux film de série Z (ex : « L’étrange créature du lac noir » - qui n’est d’ailleurs pas le plus mauvais du genre). Dans ce roman, le kitsch flirte avec l’improbable et le ridicule avec la fantaisie, tout ça sur un petit air de déjà vu/lu.
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