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Les parents de Khadija étaient nés de l'autre côté de la mer... Et tous les étés, ils prenaient le bateau de Marseille pour aller voir leur famille dans le bled à Chot el Djerrid.
Khadija aimait bien retrouver ce pays qui était un peu le sien. Les chemins poussiéreux écrasés de soleil, les figues de Barbarie, les dattes mangées à poignées, les baignades dans l'oued... et par-dessus tout sa grand-mère Zhora.
Car Zhora fait découvrir à sa petite fille toute la saveur de son pays : la magie des contes, la douceur de la langue, les délices des gâteaux farinés de sucre, le réconfort des berceuses glissées à l'oreille...
Un jour pourtant, Khadija apprend que sa grand-mère est morte. Son chagrin est immense. Mais sa grand-mère, avant de mourir, lui a fait envoyer une tunique qu'elle brodait pour elle. Une magnifique tunique, chargée de tout l'amour de cette grand-mère pour sa petite fille éloignée, bruissante des senteurs et des souvenirs de ces étés pleins de tendresse.
Peu à peu, Khadija va faire son deuil, jusqu'au retour au pays, l'été d'après...
Avec beaucoup de délicatesse, Michel Piquemal évoque ces vacances entre deux continents, entre deux cultures. Mêlant les deux langues, ponctuant le récit de mots doux, comptines, proverbe ou début de récit en arabe, il donne à entendre la tendresse qui se lie entre les personnages. Le rapport au pays d'origine des parents est d'abord sensible : il passe par les cinq sens, par la musique de la langue, par les sentiments... Le deuil de Khadija se fait grâce à cette tunique, à la fois lien tangible à l'autre et symbole de ce que sa grand-mère lui lègue d'impalpable : sa langue. Ce n'est qu'après avoir lâché la tunique à la mer que Khadija parle pour la première fois en arabe...
Elodie Nouhen est entrée dans ce récit simple et sensible. Ses teintes se font moins sombres, proches du sable, du soleil, du bleu du désert, pour peindre l'émerveillement de la fillette et la douceur de ses découvertes, dans des images pleines de finesse.
Une approche sensible et très nouvelle du bilinguisme : la langue arabe, transcrite et traduite en français, est présente avant tout dans son rapport affectif aux êtres qui la parlent. Et voici que ce récit devient une histoire universelle dans laquelle se retrouvent tous ceux qui peuvent se sentir écartelés entre deux cultures, entre deux langues...
Une belle occasion de faire le lien entre les deux rives de la mer Méditerranée.
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