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« Durant les années noires de la dictature argentine (1976-1983), les militaires supplicièrent, réduisirent en esclavage et assassinèrent des dizaines de milliers de citoyens, hommes et femmes, de tous âges et de toutes conditions sociales. Dans les prisons, des centaines de bébés furent enlevés à leur mère et vendus ou donnés à des sympathisants du régime. L'un de ces nourrissons s'appelait Victoria Donda. » C'est à vingt-sept ans, grâce à une série de hasards incroyables, et grâce au travail remarquable de deux associations, que Victoria découvre qu'elle est la fille de disparus. À l'époque, elle s'appelle encore Analia, et ne sait rien des circonstances macabres qui ont entouré sa naissance, dans un centre de détention clandestin. C'est son oncle même, officier naval, qui a participé à l'arrestation et à l'assassinat de ses parents - de jeunes militants d'extrême gauche -, puis qui l'a placée dans une famille de militaires, sous un faux nom...
Après avoir vécu tant d'années dans le mensonge, Victoria doit à la fois mourir et renaître, reconstruire entièrement son histoire et son identité. C'est alors grâce à son engagement politique inébranlable, un charisme et une force de vie exceptionnels qu'elle parvient à renouer avec les parents qu'elle n'a jamais pu connaître, et avec la part d'elle-même qu'on lui a volée : sa quête d'identité la conduit à poursuivre le même idéal de justice et de vérité, à travailler au ministère du Développement social, à combattre pour la défense des droits de l'homme, et à se faire élire députée en 2007. Un parcours hors du commun, et un témoignage bouleversant qui nous interroge sur les motivations insondables des bourreaux.
Exceptionnelle histoire vraie. J'ai vécu à Buenos AIres et j'ai retrouvé l'histoire et le parcours inquiétant de cette recherche de vérité. Je ne suis pas du tout d'accord avec le commentaire ci-dessus. C'est au contraire un livre émouvant, sensible, retraçant point par point l'enfance et la jeunesse de Victoria, comment elle aime son père, qui n'est pas son géniteur, et comment elle va le découvrir, grâce aux Madre de la Plaza de Mayo. Un puissant témoignage sur les bébés volés de la dictature. Les passages sur la torture et l'enfermement de sa toute jeune maman, enceinte d'elle, sont bouleversants.
ESMA : École supérieure de mécanique de la marine de Buenos Aires, sous ce sigle s’est caché l'un des plus grands centres clandestins de détention de la dictature argentine de la fin des années soixante-dix. C'est dans ce camp que la mère de Victoria, Hilda Pérez dit Cori, jeune militante de gauche, enceinte, fut interrogée et torturée durant plusieurs mois, de mars à début septembre. Elle a accouché en captivité tout en se sachant condamnée. Seule une centaine de prisonniers sur plus de cinq mille ont survécu. Les parents de Victoria, quant à eux, ont péri sous la torture. Jusqu’à l’âge de 27 ans, Victoria ignorait tout de la vérité.
Elle n’est pas née le 17 septembre 1979 sous le prénom d’Analia dans la banlieue sud de Buenos Aires, comme elle le croyait. Mais elle a vu le jour entre août et septembre 1977 à l’ESMA et découvre que c’est son oncle, frère aîné de son père, tortionnaire et officier gradé, qui a participé à l’arrestation et à l’assassinat de ses parents, puis l’a fait placer dans une famille de militaires. Cette histoire dramatique, elle ne la découvre qu'en 2003, à l’âge de 27 ans.
Ce témoignage sur le destin des enfants disparus est unique, cependant ce livre ne se veut pas personnel car Victoria Donda, parlementaire argentine, l’a voulu emblématique. Ce n’est pas l’histoire de Victoria qu’elle veut nous raconter mais bien celle de tout un peuple bafoué par les militaires sanguinaires. Seul compte à ses yeux son engagement politique. Elle se bat pour que son pays ne connaisse plus jamais ça et sa vie privée se superpose parfaitement à sa vie politique. Elle poursuit un idéal de justice et veut laisser une trace.
Je m’attendais, au regard de la quatrième de couverture, à lire le témoignage sensible d’une jeune femme qui a retrouvé sa véritable identité, et finalement, j’ai eu l’impression de parcourir un programme politique où les mots justice et réconciliation revenaient en boucle. L’affectif a complètement était gommé de ces lignes et laisse comme une impression de «déhumanisation». Déçue, j’ai refermé ce récit avec la triste intuition que, peut-être, l’extrême pudeur de Victoria Donda lui a fait sacrifier les plus belles pages de son histoire.
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