"On n'est pas dans le futurisme, mais dans un drame bourgeois ou un thriller atmosphérique"
Dans la Chine du VIe siècle avant J.-C. naît un homme dont les enseignements vont bouleverser le continent asiatique.
Celui que l'on appelle aujourd'hui Confucius descend des Kong, famille de lettrés. Très jeune, il maîtrise l'art délicat des idéogrammes et s'impose parmi les plus doués des fonctionnaires du royaume de Lu. Parallèlement, il étudie sans relâche et se trouve bientôt entouré de disciples à qui il fait part de ses réflexions sur la société. Ses grandes qualités l'amènent à toujours plus de responsabilités, jusqu'à devenir ministre. Mais son regard profondément lucide lui fait considérer avec sévérité le pouvoir et ses dérives.
Exigence personnelle, respect mutuel, sens du compromis sont les piliers de sa doctrine. Pour espérer modeler le monde, l'homme doit commencer par se modeler lui-même.
Alors je vous dis d'emblée que ce livre n'est pas une bio de Confucius, l'auteur disant lui-même qu'il a pris quelques libertés pour remplir les blancs de la vie de ce dernier ou inventé quelques évènements pour mieux faire passer le message du confucianisme, cela étant ce travail est un travail sérieux car José Frèches s'est servi des entretiens pour faire ce petit livre. Alors je ne suis pas experte du confucianisme, donc ne vous attendez pas à ce que je vous dise que l'auteur a mal traduit cette philosophie car je n'en sais fichtrement rien, et d'ailleurs pour le peu que j'en connais ça collé plutôt bien ; non, attendez-vous plutôt à ce que je critique l'histoire, et critique en "mal" un point en particulier : Les noms des personnages ou des terres.
Sérieusement je me suis souvent mélangée les pédales en lisant l'histoire politique que l'auteur a collé à Confucius. J'avoue qu'une carte représentative de l'époque m'aurait sûrement un peu plus aidée à m'y retrouver et éviter ainsi nombre de retour en arrière pour retrouver qui était qui, pour retrouver quoi était quoi. C'est là vraiment le seul point négatif que j'ai sur ce livre, car même si l'écriture est parfois un peu plate, elle reste assez profonde et amène à la réflexion, une réflexion où souvent on ne peut s'empêcher de faire le parallélisme avec notre époque...
Cependant, et même si je n'ai rien contre Confucius et que j'ai souvent été d'accord avec les paroles que l'auteur lui a prêtées, je n'ai pas pu m'empêcher de trouver Confucius un peu naïf. L'était-il ou pas ? je n'en sais rien. Mais, je trouve que parfois sa morale était un peu trop simple et trop imprécise. Comme quand par exemple l'auteur résume un pan de sa pensée en disant que Confucius voulait dire qu'il fallait faire le ménage en soi-même avant de le demander d'autrui. Ok, parfait, je n'ai absolument rien contre ! Mais où se trouve la limite du ménage en soi-même ? Quand dire à la personne en face qu'elle devrait se regarder en toute franchise et ne pas faire certaine chose indécente ? Si on doit attendre pour cela d'être tout propre en soi-même ? Parce que bon, l'être humain est imparfait, alors si on doit faire le grand ménage en soi avant de parler, je vous garantis qu'on ne dirait pas souvent grand-chose.
Idem pour la tolérance, le pardon, le contrôle de soi mis en avant par Confucius. Tout cela c'est bien beau, mais bon en toute franchise je ne suis pas certaine que j'accepterai que des gens qui savent tirer parti de cette façon de penser me chahutent un peu trop... Bonne ça ne s'écrit pas avec un C.
Bon d'accord, là ce que je fais n'est ni plus ni moins du chipotage, parce que franchement outre cette absence de limite qui me gêne - car quand il n'y a pas de limites, on peut penser qu'il n'y a aucun de principe -, le message du bouquin est d'une manière générale plutôt satisfaisant, même si sous certains aspects on peut le trouver archaïque et trop gentil.
Par exemple quand l'auteur fait dire à son personnage ceci : " Ce sont les hommes qui fabriquent les dieux, et non l'inverse... L'homme n'a pas besoin d'un dieu pour adopter un comportement vertueux. Sa volonté et sa lucidité qui sont l'intelligence du cœur, y suffisent amplement. Pour autant, je n'ai jamais jeté l'opprobre sur tous ceux qui croyaient aux divinités, je les ai simplement mis en garde contre la fâcheuse tendance qui consiste à manier l'au-delà comme un argument, en promettant le pire à ceux qui ne se soumettent pas aux injonctions divines, et le meilleur à ceux qui leur obéissent. " ou encore cela : " Ceux qui ne respectent rien finissent tôt ou tard par ne plus être respectés eux-mêmes. ", je n'ai pas pu m'empêcher de trouver cela beau, mais quand j'ai vu ce même Confucius se prendre pour Jésus afin de sauver l'humanité (même si lui c'était bien avant le nazaréen), et ainsi entreprendre plusieurs voyages dans ce but, c'est - même si cela est louable - un peu candide je dois dire. Après est-ce que c'est l'époque et l'idée du Mandat du ciel qu'il défend, qui fait que j'ai trouvé son message parfois un peu archaïque et niais ? C'est possible aussi.
Enfin dernier point intéressant du bouquin, c'est le rétablissement de la légende de ce personnage que l'auteur a fait en fin de livre, en plus du bréviaire. Confucius a eu un biographe Sima Qian, qui a beaucoup enjolivé la légende de maître Kong, l'auteur remet donc un peu les choses à leur place et ce n'est pas plus mal, comme le fait de montrer les anachronismes de Maître Zeng. Autre personnage qui s'est mis en scène dans les entretiens de Confucius, alors qu'il n'a pas connu le maître. Néanmoins l'auteur n'a apparemment pas tout raconté, dans ce livre il est question d'un fils, mais il aurait eu, je dis bien il aurait eu, aussi d'autres enfants par la suite dont-il n'est pas question ici. Enfin comme l'auteur a prévenu que ce livre n'était pas une véritable biographie, ce que je vous dis ne sert strictement à rien ! ^^
Pour résumer, d'une manière générale ce livre est plaisant, cela étant lisez-le si le sujet vous intéresse, car dans le sens inverse je ne vois pas ce qu'il pourrait vous apporter. Et comme je suis sympa, un petit cadeau de la part de Confucius : "Quand la nature l'emporte sur la culture, cela donne de la sauvagerie. Quand la culture l'emporte sur la nature, cela donne de la pédanterie. La personne de Bien conjugue nature et culture dans de justes proportions."
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